JET D’ORDURES DANS LES RUES DE DAKAR : Une question de responsabilité collective…….La clé réside dans un changement de mentalité ( par Malick FAYE, journaliste )

Le phénomène du jet d’ordures dans les rues du pays plus particulièrement Dakar, capitale du Sénégal, est devenu un problème de plus en plus préoccupant, tant pour la santé publique que pour l’environnement. Il est devenu habituel de croiser des sachets plastiques, des bouteilles d’eau, des tasses, des mouchoirs usagés, et autres déchets, jetés sans égard sur les trottoirs ou dans les caniveaux, obstruant ainsi les voies publiques et engendrant des nuisances considérables. Ce comportement, bien qu’ancré dans certaines pratiques quotidiennes, expose la ville à une série de dangers écologiques et sanitaires qu’il est crucial de comprendre et d’analyser.

Dangers environnementaux et sanitaires

Pollution de l’environnement : Le jet d’ordures dans les rues de Dakar contribue directement à la pollution de l’environnement. Les sachets plastiques, par exemple, sont particulièrement problématiques. Ces déchets ne se décomposent pas facilement et restent dans l’environnement pendant des années, nuisant ainsi à la faune et à la flore.

Obstruction des canalisations et inondations : Un autre danger direct est l’obstruction des canalisations et des égouts. Les ordures jetées dans la rue finissent par se retrouver dans les drains et les canaux, perturbant l’écoulement des eaux pluviales. Ce blocage des voies d’évacuation de l’eau est l’une des principales causes d’inondations dans plusieurs zones de Dakar, en particulier pendant la saison des pluies. Les rues inondées rendent les déplacements difficiles, endommagent les infrastructures et créent des conditions propices à la propagation de maladies.

Risques pour la santé publique : Le jet d’ordures dans les rues de la ville crée également un terreau fertile pour la prolifération de bactéries, d’insectes, de rongeurs, et d’autres agents pathogènes. Les ordures non ramassées sont souvent une source de maladies infectieuses, telles que la dengue, la typhoïde, et d’autres infections respiratoires ou gastro-intestinales. Les déchets organiques, par exemple, attirent les mouches et autres insectes vecteurs de maladies. De plus, les enfants, qui jouent fréquemment dans les rues, sont particulièrement vulnérables à ces risques sanitaires.

Dégradation du paysage urbain : L’accumulation de déchets dans les rues dégrade l’esthétique de la ville. Cette pollution visuelle crée une mauvaise impression pour les résidents et les visiteurs, affectant ainsi l’image de la ville et son potentiel touristique. En outre, le manque de propreté est souvent associé à un sentiment de négligence et de manque d’engagement de la part des autorités locales et de la population elle-même.

Appel au changement des comportements

Face à cette situation alarmante, il est impératif de promouvoir un changement de comportement à grande échelle. La prise de conscience collective est essentielle pour mettre fin à cette pratique et protéger notre environnement. Plusieurs actions peuvent être entreprises pour inverser cette tendance :

Renforcer l’éducation et la sensibilisation : Il est crucial d’intensifier les campagnes de sensibilisation sur les dangers du jet d’ordures dans les rues. Les habitants de Dakar, jeunes et adultes, doivent être informés des conséquences environnementales et sanitaires de ce comportement. Les écoles, les médias, et les ONG peuvent jouer un rôle clé en éduquant la population sur les bienfaits de la propreté et de la gestion des déchets. La sensibilisation ne doit pas se limiter à des messages ponctuels, mais doit être continue et intégrer des actions concrètes à tous les niveaux de la société.

Mise en place de solutions d’assainissement durables :
Il est également nécessaire d’améliorer les infrastructures de gestion des déchets dans la ville. Le gouvernement et les autorités locales doivent garantir la disponibilité de poubelles publiques, organiser des collectes de déchets plus efficaces et développer des systèmes de recyclage. En outre, la gestion des déchets plastiques doit devenir une priorité, avec la promotion de solutions alternatives écologiques, comme les sacs biodégradables, et des politiques incitatives pour les entreprises et les citoyens à adopter des comportements plus responsables.

Renforcement de la législation et de la répression :
Le cadre juridique pour la gestion des déchets doit être appliqué de manière rigoureuse. Des amendes et des sanctions doivent être imposées aux personnes jetant des ordures dans les espaces publics. Cependant, cette répression ne doit pas se limiter à l’aspect coercitif, mais doit être accompagnée de mesures incitatives, comme des campagnes de valorisation des quartiers propres, des récompenses pour les citoyens engagés dans des actions de nettoyage, et la participation active des communautés locales.

Valorisation du recyclage et de l’économie circulaire :
L’un des leviers clés pour réduire la quantité de déchets générés est de favoriser le recyclage. Des initiatives locales, telles que des centres de tri, des programmes de collecte sélective, et des partenariats avec des entreprises de recyclage, doivent être encouragées. De plus, la création d’une économie circulaire, où les produits usagés sont réutilisés, permettrait de réduire considérablement l’empreinte écologique de la ville et de donner une seconde vie aux déchets.

Implication citoyenne et esprit communautaire :
Chaque individu, chaque citoyen doit prendre conscience de son rôle dans la préservation de l’environnement. Un changement profond des mentalités est nécessaire pour que le respect de la nature et la propreté deviennent des valeurs partagées au sein de la communauté. Les actions de nettoyage collectif, telles que celles organisées par des associations locales, sont un excellent moyen de mobiliser les citoyens et de renforcer le sentiment d’appartenance et de responsabilité collective.

Efforts inestimables des agents de la SONAGED pour une ville propre

Il convient de saluer les efforts remarquables des agents de nettoiement, notamment ceux de la SONAGED, qui, au quotidien, œuvrent sans relâche pour maintenir la capitale propre. Leur travail souvent invisible est essentiel pour préserver l’hygiène et l’environnement de Dakar. Malgré les défis, ces agents font preuve d’un engagement admirable, contribuant ainsi à offrir aux citoyens un cadre de vie plus agréable et sain. Leur dévouement mérite reconnaissance et soutien.

Le jet d’ordures dans les rues de Dakar est une problématique complexe qui touche à la fois l’environnement, la santé publique et la qualité de vie des habitants. Cependant, avec une prise de conscience collective, des actions concrètes et un véritable engagement citoyen, il est possible de changer les comportements et de préserver la beauté et la salubrité de la ville. Protéger la nature, c’est d’abord changer nos habitudes de consommation et de gestion des déchets, pour bâtir un avenir plus propre, plus sain et plus respectueux de l’environnement. Le changement est à notre portée, et il commence aujourd’hui, dans chaque geste, chaque décision, chaque action quotidienne.

Malick Faye, journaliste
fayemalickpape@gmail.com