SYNERGIE ENTRE L’AQUACULTURE ET AGRICULTURE: L’Écloserie de Mbodiène ouvre ses portes

Le Ministre des Pêches, des Infrastructures Maritimes et Portuaires, Dr Fatou Diouf, a procédé à l’inauguration officielle de l’écloserie de Mbodiène. Ce projet ambitieux, porté par l’Agence Nationale de l’Aquaculture (ANA) en collaboration avec la Fondation Veolia, l’Institut Océanographique Paul Ricard (IOPR) et le Comité Interministériel de Lutte contre les Migrations Irrégulières, représente une avancée majeure pour le développement durable et la sécurité alimentaire au Sénégal. Cette infrastructure, composée de bassins de pisciculture et d’aquaculture ainsi que d’un périmètre agricole de trois hectares, incarne une synergie entre production halieutique et agricole.

Situé sur un site de cinq hectares, dont deux dédiés à l’écloserie et trois à l’agriculture, ce projet innovant combine pisciculture et maraîchage. L’écloserie, d’une capacité de production d’un million d’alevins par an, vise à combler le déficit en intrants piscicoles, l’un des freins majeurs au développement de l’aquaculture au Sénégal. Les eaux riches en nutriments issues des bassins aquacoles sont utilisées pour irriguer les cultures, offrant ainsi une solution écologique et économique.

David Poinard, Délégué Général de la Fondation Veolia, a souligné l’importance de ce projet : « Ce projet, qui date de plusieurs années, a permis de soutenir des groupements de femmes pour promouvoir l’aquaculture. Aujourd’hui, le site est géré par les Sœurs des Cinq Cœurs de Marie pour l’agriculture, tandis que l’écloserie emploie cinq jeunes diplômés sénégalais, un gardien et un directeur mis à disposition par l’ANA. En outre, 30 femmes des villages avoisinants participent quotidiennement aux activités agricoles. »

Patricia Ricard, Présidente de l’Institut Océanographique Paul Ricard, a quant à elle mis en avant l’importance de ce projet dans la lutte contre le changement climatique et pour la sécurité alimentaire : « Ce programme répond déjà à dix des 17 objectifs de développement durable de l’ONU. Il permet non seulement de créer une filière économique viable, mais aussi de préserver l’environnement tout en favorisant la formation et l’emploi. » Elle a également salué l’approche globale du projet : « Ce programme, « Aar Jiguène, Aar Adouna », montre que l’association de l’aquaculture et du maraîchage permet de répondre aux défis du changement climatique, de créer une filière économique durable, tout en respectant l’environnement et en assurant la sécurité alimentaire. » Pour conclure, elle a insisté sur l’importance de la formation et de la recherche : « Cette écloserie est aussi une école. Comprendre le vivant, c’est assurer un avenir sain pour les générations futures. Nous travaillons à développer des boucles vertueuses, comme la « permaquaculture », qui recrée les chaînes trophiques et alimentaires, garantissant ainsi une production de qualité et traçable. »

Lors de son allocution, la Ministre Dr Fatou Diouf a rappelé les ambitions du Sénégal en matière d’aquaculture : « Cette inauguration s’inscrit dans les orientations de Son Excellence, le Président de la République, Bassirou Diomaye Faye, qui a insisté sur l’urgence de développer l’aquaculture pour créer des emplois pour les jeunes et les femmes. L’aquaculture est désormais une priorité nationale, avec un potentiel énorme pour répondre à la demande croissante en produits halieutiques. » Elle a également souligné le rôle clé de l’aquaculture dans la lutte contre l’immigration clandestine et l’exode rural : « Ce projet contribue à l’employabilité des jeunes diplômés et non-diplômés, tout en renforçant notre souveraineté alimentaire. Avec une production mondiale d’animaux aquatiques dépassant désormais celle de la pêche de capture, l’aquaculture est un secteur d’avenir pour le Sénégal. »

L’écloserie de Mbodiène est bien plus qu’une infrastructure : c’est un modèle de développement durable, alliant innovation technologique, inclusion sociale et préservation de l’environnement. Grâce à un fonds dédié, baptisé « Aar Jiguène, Aar Adouna », alimenté par la vente d’alevins et les contributions de partenaires, ce projet vise à essaimer à travers le pays. « Nous espérons attirer de nouveaux partenaires pour déployer cette activité à plus grande échelle, en collaboration avec les groupements de femmes et les jeunes », a expliqué David Poinard.

Ainsi, l’inauguration de l’écloserie de Mbodiène marque une étape cruciale dans la transformation du secteur aquacole au Sénégal. En associant production alimentaire, création d’emplois et protection de l’environnement, ce projet incarne une vision d’avenir où l’économie et l’écologie vont de pair.