A Soumacounda, un village du département de Goudomp, dans la région de Sédhiou, 11 fillettes âgées de cinq mois à cinq ans ont été collectivement excisées. Cet acte a choqué l’opinion publique et soulève une nouvelle fois la question de l’application des lois contre les mutilations génitales féminines (MGF) au Sénégal.
Le Réseau des Jeunes pour la Promotion de l’Abandon des MGF et des Mariages d’Enfants (RJPAMGF/ME), ainsi que les organisations partenaires du projet TGG/ALM à Sédhiou, telles qu’Enfance et Paix, CASADES, CREPSCOFI, FANKANTA, Femmes Handicapées, Badienou Gox et Bantare Rawbe, ont exprimé leur indignation face à cet acte inacceptable. Pour elles, cet événement tragique représente une grave violation des droits fondamentaux des filles, notamment leur droit à l’intégrité physique, à la santé et à une vie sans violence.
Les associations dénoncent la violence de cette mutilation collective et appellent les autorités à identifier et à traduire en justice les responsables de cet acte. Elles insistent sur l’importance de l’application stricte des lois existantes pour garantir que de tels crimes ne restent pas impunis. « Il est impératif que les responsables soient sanctionnés afin de dissuader de futures dérives et de protéger les droits des filles », soulignent les organisations dans un communiqué.
Le Sénégal, pionnier dans la lutte contre les MGF en Afrique, a adopté dès 1999 la loi 99-05, qui incrimine la pratique des MGF sous toutes ses formes, y compris l’instigation, la préparation et l’assistance à de telles mutilations. Cette loi a fait du pays un modèle dans la région, mais cet incident à Soumacounda montre que des efforts supplémentaires sont nécessaires. Les organisations rappellent également que la Constitution sénégalaise protège l’intégrité physique des citoyens et interdit toute forme de mutilation.
L’incident a ravivé la nécessité de renforcer les campagnes de sensibilisation et d’éducation, surtout dans les zones rurales, où ces pratiques restent encore tenaces. Les acteurs de la société civile et les autorités sont appelés à intensifier leurs efforts pour éradiquer définitivement cette pratique néfaste. « Il est inconcevable qu’une telle violation des droits des filles puisse avoir lieu dans un pays qui s’est engagé, depuis des années, à mettre fin aux MGF », affirment les membres du RJPAMGF/ME.
L’appel est également lancé à l’État pour qu’il prenne des mesures plus strictes pour lutter contre les MGF, en appliquant rigoureusement les sanctions et en renforçant les politiques de soutien aux victimes, tant sur le plan physique que psychologique. Parallèlement, la société civile est encouragée à rester vigilante et à créer des Comités de Veille et d’Alerte pour prévenir et réagir rapidement face à de telles violations des droits humains.
Dans un contexte où la lutte contre les mutilations génitales féminines fait partie des priorités des droits humains au Sénégal, il est crucial de ne pas laisser de tels actes impunis. La mobilisation de tous, autorités, société civile et citoyens, est essentielle pour garantir un avenir sans violence pour les filles du Sénégal.