LA LUTTE CONTRE LE TABAC AU SÉNÉGAL EST DANS UNE IMPASSE TOTALE, ET LA LOI ANTITABAC EST EN SOUFFRANCE POUR NON-APPLICATION.


Le Sénégal va célébrer la Journée Mondiale Contre le Tabac le 31 mai 2024, dont le thème cette année est : Protéger les enfants contre l’ingérence de l’industrie du tabac. Nous tenons à informer l’opinion nationale et internationale ainsi que les différents partenaires de la lutte contre le tabac au Sénégal, tels que l’OMS et autres (que nous allons d’ailleurs tous saisir), de l’impasse que traverse la lutte contre le tabac au Sénégal. Cette impasse découle du fait que tous les ministres qui se sont succédé au Ministère de la Santé du Sénégal (MSAS) depuis le départ de Docteur Madame Awa Marie Coll Seck (ancienne Ministre de la Santé du Sénégal, à qui nous rendons un hommage bien mérité pour son engagement personnel qui a fait avancer positivement la lutte contre le tabac au Sénégal dans de nombreux domaines), n’ont été d’aucun apport, n’ayant posé aucun acte positif, significatif, notable ou durable allant dans le sens de consolider ou de préserver les acquis obtenus de haute lutte par la société civile.
La situation de la lutte antitabac au Sénégal est catastrophique. Malgré d’énormes efforts consentis et des résultats obtenus grâce à l’engagement des véritables acteurs, la lutte contre le tabagisme continue de rencontrer des obstacles en raison de certaines attitudes incompréhensibles auxquelles la lutte contre le tabac a été confrontée durant les mandats des ministres ayant succédé Madame Awa Marie Coll Seck.
Cette situation d’impasse résulte également des comportements indélicats de certains acteurs de la société civile, dont les agissements incompréhensibles, répréhensibles et blâmables décrédibilisent la réputation et la fiabilité de la lutte antitabac au Sénégal et en Afrique.
Nous dénonçons l’ingérence de l’industrie du tabac ainsi que l’immixtion de certains partenaires. Autant nous fustigeons l’ingérence de l’industrie du tabac, autant nous dénonçons l’immixtion de certains partenaires dans le fonctionnement des organisations de la société civile et leur immixtion inacceptable dans les affaires et décisions de l’État et du gouvernement de la République du Sénégal. (Un partenaire, quelle que soit sa qualité, n’a pas le droit de critiquer, de s’ingérer ou de remettre en cause les décisions de l’État ou du gouvernement souverain du Sénégal.)
Nous interpellons l’État du Sénégal, car la loi antitabac votée le 14 mars 2014 est en souffrance. Cette loi n’est pas appliquée par l’État du Sénégal, certains textes règlementaires devant régir et renforcer les dispositions juridiques et complémentaires de la loi contre le tabac n’ont pas été concrétisés, sans qu’aucune explication ne soit fournie.
Le Décret sur les débits de tabac.
Depuis cinq longues années, nous courons derrière le projet de décret relatif aux modalités et conditions de retrait et de délivrance de l’autorisation d’ouverture et de fermeture d’un débit de tabac, qui est dans le circuit administratif depuis tout ce temps, entre le Ministère de la Santé et de l’Action Sociale (MSAS) et le Secrétariat Général du Gouvernement. 400 bars à chicha à Dakar.
Retenez que plus de 400 bars à chicha sont enregistrés à Dakar, poussant les jeunes âgés entre 10 et 18 ans à s’adonner au vapotage au vu et au su de tous. Nous attirons l’attention du Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye, du Premier Ministre Ousmane Sonko, et du nouveau Ministre de la Santé Monsieur Ibrahim SY sur la situation de NON-APPLICATION de la loi antitabac du Sénégal votée depuis le 14 mars 2014. La situation de la lutte contre le tabac au Sénégal mérite un traitement urgent et direct du Chef de l’État, et nous profitons de cette tribune pour solliciter publiquement l’intervention du Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye. Le Ministre de la Santé, M. Ibrahim SY, doit faire l’état des lieux de la lutte antitabac au Sénégal. Le nouveau ministre de la Santé doit convoquer les vrais acteurs représentatifs et légaux afin de faire l’état des lieux réels de la lutte contre le tabac au Sénégal, et ne pas se fier à ceux qui s’agitent dans un activisme suspect, qui ne sont en réalité que des affairistes, des rentiers, des capteurs de financements à la recherche de prébendes.
La lutte contre le tabac au Sénégal est en train d’échouer.
Notre opinion est que la lutte contre le tabac au Sénégal est en train d’échouer, car la loi antitabac du Sénégal est partout en souffrance ; elle n’est en réalité appliquée ou respectée nulle part, et tout le monde le constate et le sait. Mais le plus grave est qu’aujourd’hui, certains ne se préoccupent que de capter des financements au lieu de faire avancer la lutte antitabac.
Coût annuel du tabagisme au Sénégal. Au Sénégal, le coût annuel du tabagisme est estimé à près de 122 milliards de FCFA, dont 74 milliards rien que pour les dépenses de soins de santé liés au tabagisme (coûts directs). Les ménages supportent 71 milliards des coûts par an et l’État dépense 51 milliards pour le traitement des patients souffrant de maladies liées à la consommation de produits du tabac. Les pertes de revenus dues à l’absentéisme des patients et de leurs accompagnants au travail, ainsi que celles liées au décès des patients avant la retraite, s’élèvent à 48 milliards de FCFA. Le traitement des maladies non transmissibles imputables à la consommation des produits du tabac absorbe 17 % du budget que le Sénégal alloue annuellement au secteur de la santé. Les dépenses directes sont de 74 milliards de FCFA, se répartissant entre les dépenses directes médicales (69 milliards de FCFA) et celles non médicales (5 milliards de FCFA).
Au Sénégal, les jeunes et les enfants sont encore très exposés au tabac.
L’enquête GYTS montre qu’environ 13 % des jeunes sénégalais sont exposés au tabagisme secondaire chez eux, et plus de 25 % à l’intérieur des lieux publics. Le tabagisme chez les adultes concerne un demi-million de Sénégalais, soit 0,6 % de la population adulte, avec un pourcentage de 11 % chez les garçons et 6 % chez les filles. De nouveaux produits du tabac dits émergents comme la chicha et les cigarettes électroniques, très présents sur le marché, sont très addictifs, potentiellement dangereux et très prisés par les jeunes. Nous tirons donc la sonnette d’alarme encore une fois pour alerter sur les risques que la présence du tabac fait peser sur nos pays, nos économies et nos populations, dont les franges les plus ciblées sont les femmes, les jeunes et surtout les enfants, particulièrement fragiles et sensibles aux produits du tabac.
En Afrique, les enfants sont aussi exposés que les adultes au tabagisme, sinon plus, et ils ne disposent d’aucune protection. Si des mesures immédiates ne sont pas prises, nos populations subiront l’aggravation de maladies liées au tabac comme la tuberculose et certaines maladies non transmissibles (MNT) comme le cancer, les maladies cardiovasculaires, respiratoires et le diabète. L’heure est aujourd’hui au
« JUB, JUBAL, JUBANTI ».
Amadou Moustapha GAYE
Premier Responsable de la Société Civile qui Lutte Contre le Tabac au Sénégal