Aujourd’hui, pour un kilo d’oignons au marché central de Thiès comptez 1200 F CFA, 2000 F pour le ñebbe et 1 000 F pour trois yabóy. Certains quémandent même un piment ou un oignon aux âmes charitables, faute de pouvoir s’en payer. Le Sénégal est en détresse. Nos océans sont pillés par des chalutiers étrangers et nos agriculteurs sont laissés à eux-mêmes, comme cette brave femme de Bambali. Le régime avait promis au peuple le Yoonu Yokkute et la souveraineté alimentaire.
Plus d’une décennie plus tard, il n’a que les fantômes du PRODAC à lui offrir.Cet enfant sur le dos de cette agricultrice de Bambali, c’est son unique espoir de s’extirper d’une vie où elle a tiré le mauvais lot. Cultiver, cuisiner, enfanter, soigner, réconforter. La souffrance sans issue de ces mères, qui par la force de leurs bras, de leurs petits commerces, de leurs tontines de misère, ont payé la trousse de l’école primaire au supérieur, et qui finissent par se résigner à offrir une aide financière, pour que leurs enfants prennent ces pirogues du désespoir.
Le paradoxe est qu’ils sont prêts à tout pour devenir ouvriers agricoles en Europe, immigrant sur des pirogues qui ne pêchent plus grand-chose, laissant derrière eux cette belle et généreuse terre du Sénégal à l’agonie, asséchée par les promesses politiques, et des océans vidés par la corruption.