« L’immigration clandestine est un phénomène alarmant qui prend source dans l’épistémè africain ; un supposé accès à ’’l’eldorado européenne ‘’ est signe de réussite dans la mémoire collective de nos peuples. Elle prend de plus en plus d’ampleur, et sa récente recrudescence est plutôt inquiétante. En moins de 48 heures, plus de 700 migrants ont été bloqués, à Lampedusa, en tentant de franchir les frontières.
Ce constat doit nous interpeller profondément et au premier chef l’actuel gouvernement pour des mesures ponctuelles fortes et tous les candidats déclarés à la présidentielle de 2024.Au-delà des lambeaux de chaires humaines sur les barrières de Ceuta ou de Melilla, ou des centaines de milliers de corps engloutis dans l’océan, c’est une partie de notre dignité, en tant qu’africains, en tant que peuple qui en prends, du reste un coup.
Les états africains sont confrontés à un défi majeur en matière de gestion de cette crise, particulièrement, le Sénégal qui aspire à l’émergence à l’horizon 2035.En effet, les politiques publiques actuelles semblent insuffisantes voir inefficaces pour apporter des solutions à la problématique de l’immigration clandestine qui une conséquence du sous-emploi, du chômage chronique et de l’absence de véritables perspectives pour la jeunesse sénégalaise.
Le problème de l’emploi des jeunes, étant identifié comme l’une des causes principales de l’immigration clandestine doit faire l’objet d’assises nationales afin que des solutions idoines soient trouvées pour arrêter ce processus.Les initiatives telles que l’ANPEJ, le PAPEJ/FJ, la DER, la FNPJ, et d’autres structures similaires n’ont pas encore réussi à endiguer ce fléau.
Il est temps de reconnaître l’échec de ces politiques et de repenser notre approche pour l’emploi et l’employabilité de plus de 80% de notre population. En effet, des méthodes, qui n’ont pas marchés en 1960 ne donneront pas de résultats en 2023. Pour lutter contre l’immigration clandestine, nous devons envisager des solutions à long terme et à l’échelle régionale voir continentales, articuler avec une mise à jour du curricula de formation universitaire. Il est impératif de rapprocher la formation universitaire des besoins réels du marché de l’emploi.
Les jeunes doivent être formés pour des emplois qui existent réellement.Du moment qu’il est établi que l’emploi en masse est créer par le secteur privé, alors il est crucial de repenser son financement. Il faut encourager les investissements privés pour créer des opportunités d’emploi. Une politique d’industrialisation ambitieuse est nécessaire pour résorber le gap entre l’excès d’offres de travail et les postes disponibles.
En parallèle, il est indispensable d’améliorer les conditions de vie dans notre pays pour dissuader les jeunes de chercher des opportunités à l’étranger. Cela inclut la lutte contre la corruption, la promotion de l’éducation, et l’accès aux soins de santé.L’immigration clandestine est un problème complexe qui nécessite une réponse globale.
Il est temps que l’État du Sénégal revoie sa stratégie en matière d’emploi des jeunes et mette en place des mesures concrètes pour lutter contre ce phénomène. Une approche axée sur l’éducation, l’industrialisation et le secteur privé est nécessaire pour résoudre ce défi mondial qui touche notre continent et particulièrement notre pays de plein fouet.
Serigne Issa DIOP
Ingénieur Informaticien
Titulaire d’un Master en Management de Projet Doctorant chercheur à l’ASMP
Président REPERES