Boubacar CAMARA Kamâh, Président du PCS Jengu Tabax, connu pour son courage politique et son franc parler a encore lancé un avertissement à propos de l’élection présidentielle : « Dans les conditions actuelles, il n’est plus raisonnable, d’exclure un report consensuel de l’élection présidentielle de février 2024 » . C’était lors de son Live hebdomadaire sur Facebook du jeudi 26 octobre 2023. Le contexte est marqué par le bâillonnement sans précédent des droits et libertés avec plus d’un millier de prisonniers politiques dont plusieurs femmes, élèves, étudiants et enseignants. Actuellement, la principale force de l’opposition, PASTEF-les Patriotes, après un long et douloureux bras de fer contre le pouvoir, a du mal à se remettre de trois coups fourrés du régime : la dissolution du parti, l’emprisonnement de son leader Ousmane Sonko et sa radiation sur les listes électorales. Réussir à inverser cette tendance, à quelques encablures de l’élection présidentielle de février 2024, lui paraît incertain malgré la légitimité du combat mené qu’il soutient de tout son poids et en dépit de la position de faiblesse du pouvoir qui a pris l’option d’assumer la violation flagrante des lois et règlements avec l’aide d’une partie de l’administration et de la justice qui ont perdu le nord. Le pouvoir en place a acté la non-participation annoncée de Macky Sall, procédé aux arrangements nécessaires dans le cadre d’une Sainte Alliance contre la nouvelle opposition politique et a commencé à dérouler un forcing électoral, à ses risques et périls. L’instinct de survie du régime actuel laisse place à toutes les déraisons. Du côté de l’opposition, le bloc à constituer pour faire face tarde à prendre forme. La dispersion est préjudiciable pourtant l’enjeu est de taille : une alternance pour un nouveau départ dans la paix et la sérénité, un État de droit rebâti, les vraies préoccupations des Sénégalais pris en charge : éducation, santé, emploi, sécurité, développement industriel, sauvegarde des ressources naturelles, soutien de la diaspora, transformation structurelle de l’agriculture, le pêche et l’élevage etc. Pendant ce temps, la tension sociale ne faiblit pas et l’insécurité frappe à nos portes. Les populations sont laissées à elles-mêmes avec un pouvoir d’achat qui s’amenuise de jour en jour avec la hausse des prix des produits de première nécessité, de l’électricité et la flambée des loyers, des systèmes d’éducation et de santé paralysés. L’idée de reporter l’élection présidentielle avait été agitée par les tenants du pouvoir dans le cadre d’une stratégie de conservation du pouvoir et comme alternative à un impossible troisième mandat de Macky Sall avec des arguments fallacieux sur les « chantiers à terminer ». Aujourd’hui, le contexte n’est plus le même. Le pouvoir veut profiter de l’essoufflement relatif de la lutte de l’opposition pour imposer un forcing électoral et « emporter » l’élection dans la répression et le manque de transparence. Il convient de l’en empêcher pour garantir la stabilité du pays. Il s’agit donc de réunir les conditions d’une élection apaisée et transparente dans un environnement où les institutions fonctionnent normalement notamment l’administration et la justice, dans un pays qui s’est remis au travail. Il est évident que ces conditions ne sont pas actuellement réunies et personne et peut garantir qu’une élection, dans les quatre prochains mois, avec l’exclusion éventuelle de Ousmane Sonko, ne serait pas chaotique. Voilà à la triste réalité ! Devant ces multiples incertitudes, Kamâh doute fort de la pertinence d’un forcing de part et d’autre pour un respect biaisé du calendrier électoral. Cependant, il demeure intransigeant sur le fait qu’il n’est guère question d’un blanc-seing accordé au pouvoir pour trouver des subterfuges pour conserver le pouvoir, même une seconde après le 3 avril 2024. Il s’agit d’un report consensuel dont les modalités doivent faire l’objet d’échanges francs et ouverts avec un calendrier et des garanties légales. Remettre le pays au travail et réunir les conditions d’une élection apaisée avec la participation inclusive dans un processus électoral consensuel et transparent. En dehors de ces conditions, aucune victoire ne serait belle avec des vaincus qui félicitent un vainqueur au soir de la proclamation des résultats. Le leader du Parti de la Construction et de la Solidarité PCS/Jengu Tabax a toutefois précisé qu’il est prêt à faire face à toutes les hypothèses et à saisir sa chance et se maintenir dans le boulevard qui lui est ouvert comme candidat. Il a toutefois précisé qu’il s’agit d’une question d’intérêt national et non de positionnement politique personnel. Rappelons les avertissements pertinents de Kamâh dans sa Lettre ouverte au Président de la République en février 2021 sur ce qui est devenu « l’Affaire Sonko » et son plaidoyer pour la cohabitation à travers le Plan Buddi aux élections législatives de 2022.
A bon entendeur, Salut !