Le processus de parrainage a été le théâtre d’un tournant inattendu hier lors du deuxième passage des candidats chargés de régulariser leurs doublons. Plusieurs candidats ont finalement été filtrés par le parrainage, qui constitue la première étape avant la décision définitive du conseil constitutionnel et la publication de la liste des candidats à l’élection présidentielle du 25 février 2024.
Hier, certains ont crié victoire tandis que d’autres ont été profondément déçus et surpris par l’invalidation de certains candidats, dont Bougane Gueye Dany, leader de la coalition «Geum Sa Bopp». Malgré les efforts déployés sur le terrain par ses équipes et les ressources mobilisées pour réussir à passer le contrôle du parrainage, qui est un véritable obstacle pour le leader, son passage n’a pas été un succès.
À la grande surprise de tous, Bougane Gueye Dany a été recalé malgré les 70 000 parrains présentés au conseil constitutionnel pour compléter ses plus de 18 000 doublons. Pour certains, cet échec représente une vengeance du système contre Bougane Gueye Dany et Ousmane Sonko, qui étaient les principaux candidats prônant un anticonformisme farouche et tenant des discours extrêmement radicaux à l’encontre du pouvoir en place.
Si Ousmane Sonko est actuellement emprisonné et fait l’objet de multiples procédures judiciaires concernant différents dossiers, le blocage de Bougane Guèye Dany était prévisible dans le cadre du parrainage, qui a toujours été son talon d’Achille depuis 2019 jusqu’à nos jours. Malgré les preuves présentées et les stratégies politiques mises en œuvre sur le terrain, Bougane demeure donc un candidat historique au passage du parainnage.
Malgré la détermination des partisans d’Ousmane Sonko à continuer de croire en lui et à le soutenir depuis sa prison, ce dernier a récemment été éliminé en raison d’un dossier incomplet. Une situation vivement critiquée par tous ceux qui défendent la justice, car certains leaders n’ont pas trouvé leurs noms sur le fichier électoral et ont néanmoins reçu leur clé USB ainsi que leurs listes de parrainage, contrairement à ce qu’il en est pour Ousmane Sonko, malgré les décisions de justice qui enjoignaient la direction générale des élections à rétablir ses droits.
Ousmane Sonko, désormais détenu au Cap Manuel, demeure le phénomène politique marquant de l’histoire de l’opposition depuis mars 2021, date de son emprisonnement et de la dissolution de son parti politique. Il a tenu des discours très radicaux contre le système et a exprimé son opposition à ce dernier, malgré le fait qu’il ait toujours été entouré par ces mêmes acteurs. Sa popularité était impressionnante, il rassemblait les foules et était aimé par tous les Sénégalais, mais cela n’a pas suffi à lui ouvrir les portes du palais présidentiel le 25 février 2024.
Cette situation démontre de manière évidente que cette jeunesse qui prêtait une oreille attentive à ces deux leaders risque de voir sa radicalité tomber à l’eau après une succession d’événements démontrant que le pouvoir en place est déterminé à éliminer les opposants du système.