Le parrainage ce remède pire que le mal. S’il avait pour objectif affiché dès le départ de freiner la pléthore de candidatures, il a fait par contre reculer le Sénégal dans la gestion de son processus électoral avec tant de polémique et de méfiance entre les acteurs politiques et les institutions censées organiser et réguler le processus ( DGE, CENA, CONSEIL CONSTITUTIONNEL). D’emblée j’avoue que le parrainage dans son esprit est quelque chose de bien car sans ce dernier on risque d’avoir plus de candidats que d’électeurs.
Imaginons qu’ à l’ére des techniques de gestion des données, de la numérisation et du contrôle les plus avancés, notre administration est obligée de s’appuyer sur un hallucinant « tirage au sort » non seulement pour sceller le sort des candidats mais aussi pour masquer ses propres carences et défaillances.
De ce point de vue, passer le parrainage ne relève point du mérite ou de l’organisation des partis politiques. Il s’agit franchement du rang que réservent le tirage au sort et la volonté assignée au logiciel de contrôle.
Ces deux éléments malheureusement échappent aux partis politiques et aux coalitions de partis.
Raison pour laquelle Anta B Ngom, Rose Wardini, Pr Daouda Ndiaye, Mame Boye Diao, des novices ont pu facilement passer cette étape fatidique même s’ils ont abattu un travail de titans. Au contraire d’autres d’organisations plus structurées et plus représentatives comme la coalition Gueume Sa Bopp, Parti Awalé de Dr Abdourahmane Diouf, Mimi et la Coalition Mimi 2024 entre autres.
On peut tout reprocher au Président à certains candidats tout sauf être organisés, structurés…
En mettant en place un système plus orienté élimination et sélection, on a aussi tué tout débat public afin de donner aux citoyens les moyens de choisir en tout état de cause et objectivité sur la base d’offres programmatiques concurrents, adaptés au défi du Sénégal qui gagne.
Il est clair que les technocrates et théoriciens et anti-système d’un senegal nouveau sont éxclus de ce débat car ils sont ni porteurs ni bâtisseurs d’alternatives pour ce Sénégal dont nous rêvons.
Nous tournerons la page certainement mais on ne peut ne pas questionner de manière appropriée le coût moral et politique d’un système de parrainage ci défaillant et sanctionner ses inspirateurs. N’est-il pas plus judicieux de reporter la présidentielle ? L’élection serait t-elle-inclusive ?
N’est-il pas urgent d’organiser des reformes pour le parrainage?Espérons que le Conseil Constitutionnel ne réduit pas à moitié la liste des 21 admis au parrainage car certains d’entre eux ne sont pas encore sortis des ténèbres avec des démêlés judiciaires qui ne disent pas leur nom et qui peuvent être fatals pour la bataille suprême.
Cheikh Ibrahima Diagne