AUDIENCE DE MACKY AVEC LES CANDIDATS RECALÉS: Le report, un sujet tabou !

Depuis le début du contrôle des parrainages pour la présidentielle du 25 février prochain, les récriminations des candidats recalés au niveau du Conseil constitutionnel fusent de partout et vont s’amplifier. Ce qui rend le climat préélectoral très tendu tout en inquiétant les citoyens et les amis du Sénégal.

C’est sans doute pour décanter la situation et apaiser la tension que le président de la République a invité le collectif des recalés ou « spoliés » comme ils se font appeler à le rencontrer ce mercredi à 17 heures au Palais. Cette rencontre est-elle le début des manœuvres politiques qui pourraient déboucher sur un report de la présidentielle voulu par certains candidats ?Après plusieurs dénonciations médiatiques, un collectif des candidats spoliés a été mis sur pied par une quarantaine de candidats à la présidentielle. Parmi ceux-là, des prétendants qui ont pu passer avec succès l’étape du parrainage et qui estiment que leurs camarades ou ex-futurs rivaux à ce scrutin ont été injustement recalés pour des motifs qu’ils qualifient de fallacieux.Ce collectif, composé de 44 candidats à la présidentielle, a élaboré un plan d’actions pour que ses membres recouvrent leurs droits et puissent participer à l’élection présidentielle du 25 février prochain.

Il a dans ce cadre avait écrit une lettre au président Macky Sall pour lui demander une reprise du contrôle des parrainages au niveau du Conseil constitutionnel.Dans une correspondance intitulée « Élection présidentielle du 25 février 2024 : Requête aux fins d’une reprise du contrôle du parrainage suite aux graves manquements relevés lors du contrôle de validation ».Le « Collectif des Candidats Invalidés au Parrainage » demandait au Président Macky Sall d’user de ses prérogatives afin de rétablir, absolument, les candidats invalidés dans leurs droits. L’interpellant en tant que gardien de la Constitution, le collectif des candidats spoliés a sollicité du président de la République le rétablissement de ses membres dans leurs droits. « En effet, la présente vous est adressée au regard de vos prérogatives es qualité de « Clé de Voûte » des Institutions et de « Président du Conseil Supérieur de la Magistrature ».

Le contrôle du parrainage nous a permis de relever, suite aux différentes preuves présentées par une quarantaine de candidats arbitrairement invalidés, des manquements graves notamment : La non-disposition du fichier général des électeurs consolidé de 2023 parla Commission Électorale Nationale Autonome (CENA) ; la non-fiabilité voire la non mise à jour du fichier général des électeurs, base de contrôle des parrainages des candidats, au regard du nombre excessif de rejets principalement constitués d’électeurs « primovotants », détenteurs de leurs cartes d’électeurs délivrées en bonne et due forme par le Ministère de l’Intérieur ; des parrains qui disparaissent lors du contrôle pour certains candidats alors qu’ils étaient bel et bien enregistrés lors de l’inventaire des pièces déposées et mentionnées dans le procès-verbal du Greffe du Conseil Constitutionnel ; le logiciel de contrôle des parrainages qui présente des défaillances techniques sur le déversement et l’intégrité des données », écrivaient Mimi Touré et Cie.Et de poursuivre : « Excellence, Monsieur le Président du Conseil Supérieur de la Magistrature, notre Collectif vous saurait gré de bien vouloir user de vos prérogatives afin de rétablir, absolument, les candidats invalidés dans leurs droits.

Le cas échéant, cela participera à la transparence et à la régularité du processus électoral dont l’objectif fondamental est de garantir l’expression du libre choix pour une meilleure acceptation du choix de la majorité. Par ailleurs, cela consolidera le principe constitutionnel relatif au respect et à la reconnaissance de l’opposition comme un rouage indispensable au bon fonctionnement du mécanisme démocratique de notre cher pays. Veuillez croire, Excellence, Monsieur le Président de la République, à l’assurance de notre très haute considération. »Manœuvres politiques pour un report de la présidentielle ?Suite à cette interpellation, le président Macky Sall était resté silencieux jusqu’à ce qu’une conférence de presse soit organisée récemment par le collectif poursuivant ainsi son offensive pour dénoncer l’injustice dont se disent victimes ses membres. Lesquels se présentent comme des acteurs légitimes et émérites de la scène politique nationale.

Lors de cette conférence de presse, le collectif a annoncé un grand rassemblement national pour contester les dysfonctionnements notés lors du processus électoral, tels qu’un fichier électoral douteux, des clés USB endommagées et plus de 900 000 citoyens électeurs éliminés pour des raisons non conformes aux directives de la Direction générale des élections et du Conseil constitutionnel.Suite à ces requêtes, le Président Macky Sall a invité le collectif au palais de la République aujourd’hui à 17h pour discuter autour d’une table. Il espère ainsi trouver un consensus pour rétablir ses membres dans leurs droits et permettre leur participation à l’élection présidentielle prévue le 25 février prochain. Ce dans un climat de transparence et d’inclusion. Seulement l’on peut se poser des questions sur cette rencontre qui survient au lendemain de la publication de liste définitive des candidats par le Conseil Constitutionnel. Des candidats au nombre de 20. La rencontre d’aujourd’hui serait une opportunité pour évoquer un dialogue autour du fichier électoral et du processus du parrainage. Elle pourrait être mise à profit pour étoffer le camp des partisans d’un report de la présidentielle du mois prochain.

Une initiative vouée à l’échec vu que seul le Conseil constitutionnel reste le seul instance instance habilité à reporter la présidentielle. Des lors on peut dire sans risque de se tromper qu’il est impossible de reporter une élection présidentielle, en dehors du seul cas de décès d’un candidat (article 29, alinéa 3 de la Constitution).

Cheikh Ibrahima Diagne