Le Président Macky Sall dans son message à la nation du 3 février 2024 à décidé d’annuler l’élection présidentielle alors qu’aucune disposition constitutionnelle, légale ou réglementaire ne lui donne ce pouvoir.
Ce coup grave porté à la démocratie est un précédent dangereux qui met notre pays dans une impasse aux conséquences non maîtrisables.
Les dispositions des articles 3 et 103 de la Constitution ôtent toute possibilité de toucher à la durée du mandat.
Article 3:
“ La souveraineté nationale appartient au peuple sénégalais qui l’exerce par ses représentants ou par la voie du référendum.
Aucune section du peuple, ni aucun individu, ne peut s’attribuer l’exercice de la souveraineté”
Article 103:
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La forme républicaine de l’Etat, le mode d’élection, la durée et le nombre de mandats consécutifs du Président de la République ne peuvent faire l’objet de révision.
Il apparaît clairement au vu de ces deux articles que l’Assemblée nationale, qui est une section du peuple, ne peut s’attribuer le pouvoir de remettre en cause la clause d’éternité qui encadre la durée du mandat
dont la prolongation de plus de sept mois est un coup d’arrêt à la marche de notre démocratie.
Il faut aussi constater, pour la condamner, cette incohérence évidente qui consiste à violer la Constitution pour ensuite appeler à un dialogue.
La menace est grave, mais le Sénégal dispose de suffisamment de ressources pour faire face à cette situation dangereuse découlant de la décision du Président de la République et du vote par l’assemblée nationale du projet de loi remettant en cause la durée du mandat.
L’enjeu aujourd’hui est de sauver notre démocratie.
Pour celà deux conditions devraient être satisfaites:
- La restauration de l’ordre constitutionnel en s’accordant sur le respect du calendrier républicain
- Le réexamen par le Conseil Constitutionnel des dossiers des candidats spoliés; ce qui peut se faire en moins de 48h
La communauté internationale a, de façon générale, exprimé sa préoccupation suite à l’annulation de l’élection présidentielle.
Toutes les forces vives attachées aux valeurs de la République, se battent pour le respect de la Constitution qui implique la passation du pouvoir le 2/4/24 au Président nouvellement élu.
Toutes les initiatives internationales et nationales doivent se conformer à cette exigence.
La restauration de l’image du Sénégal, vitrine d’une démocratie solidement ancrée, commande le choix du rétablissement de l’ordre constitutionnel comme solution urgente
Les forces vives de la nation, soucieuses de la stabilité de notre pays et de la sauvegarde de la République, ont saisi la Cour suprême et le Conseil Constitutionnel pour que le Sénégal reste un État de droit.
Deux pistes s’ouvrent à notre pays: – La prise par le Conseil Constitutionnel de décisions permettant que les deux tours de scrutin et la proclamation définitive des résultats puissent se tenir avant le 2/4/24.
- L’autre piste, qui ne serait qu’un dernier recours, est la démission avant le 2 avril 2024, date d’expiration du mandat. Il reviendrait alors au Président de l’Assemblée nationale d’assurer l’intérim et d’organiser le scrutin dans un délai ne pouvant excéder quatre vingt dix jours.
Les décisions de ces juridictions ouvriront à notre pays la voie salutaire vers le progrès, la paix, la consolidation de la démocratie et le renforcement de l’État de droit ou alors, celle du basculement dans un cahot qui effacera tous les sacrifices consentis par plusieurs générations.
Dėthié Faye
Président de la C.D.R/Fonk Sa Kaddu