Le magal de Daroul Mouhty commémorant les retrouvailles entre Cheikh Ahmadou Bamba et son frère Mame Thierno Birahim Mbacké, au retour d’exil du fondateur du mouridisme, est célébré ce lundi dans la ferveur. Le deuxième berceau du mouridisme est le point de convergence des pèlerins venus des quatre coins du pays.
C’est dans ce cadre que Serigne Ahmadou Mbacké ibn Serigne Bassirou Mbacké Abdou Khoudoss a organisé un panel au quartier Darou Khoudoss de Daroul Mouhty, en présence des professeurs Ibrahima Thioub, ancien recteur de l’UCAD, Meissa Babou, Khadim Sylla, entre autres autorités, sous le thème de la crise d’autorité.
Le fils du porte-parole du khalife de Daroul Mouhty a dénoncé vigoureusement la défiance de l’autorité et les insultes aux chefs religieux sur les réseaux sociaux.
Seneweb vous livre la fatwa du petit-fils de Mame Thierno Ibrahima Faty.
« […] En fait, on parle d’autorité quotidiennement. Mais que renferme cette notion ? L’autorité se définit comme un ensemble de qualités par lesquelles quelqu’un impose à autrui sa personnalité, ascendance grâce à laquelle quelqu’un se fait respecter, obéir, écouter, mais aussi aimer du fait de sa légitimité.
Cependant, nous assistons de nos jours à une crise d’autorité. C’est autour de ce thème plus que d’actualité, que nous avons choisi de nous convier cette année. Et c’est là tout le sens de mes propos. En réalité, l’insubordination est érigée en règle dans beaucoup de sphères de la société. L’être social devient de plus en plus réfractaire à l’autorité et la défie. Ce qui n’est pas pensable ni acceptable chez les mourides. Ici, l’autorité est sacrée, on l’accepte, on la vit.
C’est pourquoi, on qualifie les talibés de Cheikhoul Khadim de fous, ils agissent avant de réfléchir ‘’Ndigueul Dieufé rek’’ martèlent-ils. Dans notre société moderne, l’autorité n’est plus sublimée, les règles sont de plus en plus bafouées, les directives ne sont plus respectées scrupuleusement. Une situation qui tranche d’avec la voie tracée par le fondateur de la Mouridiyah.
La société sénégalaise est en perte de repères. Presque personne ne respecte rien, beaucoup sont mus par des intérêts crypto-personnels.
C’est cet environnement de laisser-aller qui fait le lit à une sorte d’indiscipline quasi généralisée, à une insubordination. Qui aurait parié il y a 30 ans en arrière qu’on en arriverait là. Des citoyens qui défient l’autorité de l’État, des jeunes qui insultent des guides religieux, le mensonge et la tromperie érigés en règle de gestion par une classe dirigeante ?
Autant d’interrogations et de sujets de recherche pour nos sociologues et autres anthropologues non sans dédouaner les religieux que nous sommes. Le mal est profond. À tous ces maux s’ajoute un manque notoire de loyauté. Personne ne croit plus en personne. Les exemples font légion. Que de trahison, de déception et d’abus de confiance. Au niveau de l’administration à titre d’exemple, il n’y a presque plus de loyauté, plus de confiance entre l’administré et l’administration censée le servir.
Mesdames et messieurs ;
Notre société moderne est malade. Nous le savons tous. Elle a besoin d’une thérapie à grande échelle. Mais qu’on se le tienne pour dit, pour qu’il y ait un développement conséquent, il faut que les règles du jeu soient respectées. Que ceux qui sont habilités à tracer la voie à suivre le fassent dans les règles de l’art, que les dirigeants respectent leurs délégataires de pouvoir. Mieux, que les guides aient une certaine conduite irréprochable.
La crise d’autorité est certes profonde. Elle a installé ses quartiers généraux dans presque tous les segments de la société sénégalaise. Elle a fini de gangréner tous les secteurs de la vie nationale. Malgré tout, l’espoir est permis. Les solutions ne manquent pas. Que l’autorité de l’État soit restaurée. Que l’État respecte ses concitoyens. Que leurs droits ne soient pas violés. Que les chefs religieux éduquent davantage leurs disciples. Il faut ériger en règle la philosophie de Khadimou Rassoul : le respect des directives données, avoir le Ndigueul en bandoulière pour éclairer sa voie ».