A peine sacrifié à la tradition étatique, le nouveau président de la République, Bassirou Diomaye Faye a nommé son chef du gouvernement en la personne de Ousmane Sonko pour mener sa vision et la politique de l’Etat.
Si la nomination de ce dernier au poste de premier ministre va, dit-on, rationaliser l’hyper présidentialisme. Il y a, cependant, bon nombre d’observateurs qui pensent qu’il y’a des risques de dualité entre le président de la République et son premier ministre qui est très influent sur le plan politique. La lecture parlementaire de la constitution que l’on en fait est que le Président va drastiquement perdre les pouvoirs d’hyper présidentialisation qu’il avait jusque-là, puisque c’est lui-même Diomaye Faye qui avait dit que les prérogatives du chef de l’Etat étaient exorbitantes.
Même si l’on est pas dans le secret des Dieux, dejà dans son premier speech, l’ancien maire de Ziguinchor a laissé entendre qu’il n’est pas question de laisser le président Faye gouverner tout seul. Comme si le président élu ne pouvait pas assumer à lui seul ses nouvelles fonctions. Un discours qui peut, d’ailleurs, être vu comme un élément catalyseur de l’éclatante victoire de leur coalition à la présidentielle de 2024. Il est bien vrai que les deux hommes ont longuement cheminé ensemble. Certes, le choix est bien légitime et judicieux mais, le risque de défi est bien réel. Car n’oublions pas que Sonko est l’artisan principal du projet vendu aux sénégalais.
Et aussi quoi que l’on puisse dire, le président reste redevable à son premier ministre qui s’est battu et a fait tout ce qu’il fallait faire pour le désigner. Mais quoi qu’il advienne, Bassirou Diomaye Diakhar Faye reste la plus haute institution du Sénégal.
Ces derniers jours, on a plusieurs fois entendu parler de divergences de points de vue par rapport au choix des hommes et des femmes. Ce qui aurait, d’ailleurs, fait traîner la publication de la composition du nouveau gouvernement.
Même si d’aucuns disent que le seul qui pouvait apporter une contradiction dans les décisions de Sonko au sein du Pastef, c’était Diomaye Faye, et cela ne les empêchait pas de continuer d’avancer ensemble. Ce qui pourrait, d’ailleurs, être reconfortant pour ceux qui ne les attendent pas au tournant.
Mais, le mieux pour les deux hommes serait que Sonko accepte en toute humilité la volonté du chef de l’Etat qui doit rester le seul maitre à bord. Et aussi c’est à lui d’accepter de se plier aux propositions de son ami le premier ministre, même si tout le monde sait qu’il reste son mentor. Mais aussi, la question reste à savoir est-ce-qu’un Etat fonctionne comme celà?
Le constat est que la dualité n’a pas toujours porté ses fruits. Le Sénégal a vécu les événements entre Senghor et Dia qui étaient vraiment des amis et tout le monde a vu ce qui s’en est suivi. On ne voudrait pas revivre les expériences malheureuses d’après les indépendances. Personne n’a oublié aussi ce qui s’est passé entre Idrissa Seck et Abdoulaye Wade.
Et dans tous les cas, l’appareil qui permettra au chef de l’Etat de travailler et de rester encore plus longtemps aux commandes, c’est le parti Pastef, contrôlé par son premier ministre Ousmane Sonko. Pour cela les deux hommes doivent rester dans l’équilibre car c’est du premier degré pour réussir ensemble leur projet tant vanté.
Aly Saleh Journaliste/Chroniqueur