Dans un communiqué rendu public, le ministère des Finances et du Budget renseigne d’une opération réussie du Sénégal sur les marchés internationaux de capitaux avec l’obtention de 750 millions de dollars estimés à plus de 451 milliards FCFA.
Selon les services du ministère, c’est dans le cadre de la couverture des besoins de financement des opérations de la loi de finances de l’année 2024 que l’État du Sénégal a mandaté JP Morgan Londres aux fins de mobiliser, à des conditions alignées à sa stratégie de gestion de la dette, des ressources pour un montant de 500 millions de dollars US. À cet effet, il a été procédé, le lundi 03 juin 2024, au lancement d’obligations de l’État du Sénégal, en placement privé auprès d’investisseurs sur les marchés internationaux de capitaux. Ces titres sont émis en dollars US à un taux nominal d’intérêt de 7,75% l’an, pour une maturité de 7 ans. Afin d’optimiser davantage le service de la dette, ces titres ont fait l’objet, concomitamment, d’une conversion en euros, à un taux moyen de 6,47%. L’engouement pour ces titres, noté après leur lancement, a justifié l’émission, le mardi 04 juin 2024, d’une tranche additionnelle de 250 millions de dollars US. Le succès de la transaction, établi par la forte adhésion des investisseurs ciblés, atteste de leur soutien constant aux initiatives de financement des politiques publiques de l’État du Sénégal, ainsi que de leur confiance renouvelée en sa qualité de signature.
En dépit de cette opération financière significative, le coordonnateur du Forum Civil, Birahime Seck a tenu à alerter sur le choix de la banque d’investissement.
« Le Ministère des finances et du Budget doit nous édifier sur le choix de JP Morgan Londres. Le problème de la transparence de l’intermédiation demeure. Ces résultats montrent encore la faillite de la stratégie de mobilisation des resources domestiques qui doit être évaluée », a-t-il indiqué sur la toile. Ces interpellations trouvent leur pertinence sur les casseroles traînées par la banque d’investissement. En effet, dans un récent rapport 2023 de transparence public et privé sur l’investissement responsable, Jp Morgan est cité dans le scandale de la « London Whale » de 2012 où des pertes massives de trading estimées à plus de 6 milliards de dollars ont été révélées. En 2020, Jp Morgan a été condamnée à une amende de 920 millions de dollars pour avoir manipulé les marchés des métaux précieux et des bons du Trésor américain. Cette amende a mis en lumière des problèmes de conformité persistants au sein de la banque et a soulevé des questions sur son engagement envers des pratiques commerciales éthiques. En 2013, la banque d’investissement a accepté de payer une amende record de 13 milliards de dollars pour régler des accusations selon lesquelles elle avait trompé les investisseurs sur la qualité des titres adossés à des hypothèques. Elle a aussi fait face à des poursuites judiciaires majeures concernant ses pratiques de prêts hypothécaires avant la crise financière de 2008.