GOUVERNANCE TERRITORIALE ET POLITIQUES PUBLIQUES : UNE GREVE DE TROPIbrahima Djitte invite l’État aux assises des territoires

Expert en gouvernance des collectivités territoriales et politiques publiques, Ibrahima Djitte propose des assises du secteur pour corriger les inégalités de l’acte 3 de la décentralisation. Dans un entretien accordé à l’Evidence, il est largement revenu sur l’importance de la gouvernance territoriale tout en invitant les nouvelles autorités aussi à se pencher sur la crise qui secoue les collectivités territoriales avec la grève des agents municipaux.

Quelle solution préconisez-vous par rapport à la gouvernance locale ?

La gouvernance locale, notamment appelée gouvernance de proximité est un moyen de service les populations au niveau de leur territoire et cela à tout son lorsqu’elle répond efficacement aux besoins. Sachant que les territoires constituent le cadre de plan d’action des activités gouvernementales décentralisées au niveau territorial alors les incidences notées à l’échelle décentralisée impactera impérativement le service public . Aujourd’hui, les dernières sont venues parachever presque cette forme d’organisation à l’allure fédérale quand on sait que les territoires vont constitués un cadre pour rendre beaucoup plus visible le champ d’action de l’Etat au niveau des territoires à l’effet d’alléger la gouvernance par le partage de compétences entre le centre et la base à l’image du fédéralisme ou de l’Union européenne dans l’espace européen. Le Sénégal étant un micro Etat qui n’a pas une démographie importante, qui n’a pas un grand territoire, est obligé de rendre dynamique cette forme d’organisation du pouvoir au bénéfice de la population de son territoire son territoire afin d’amorcer le développement tant attendu.

Est ce que l’acte 3 n’a pas montré ses limites ?

L’acte 3 d’une part, est un bien fait pour les territoires dans le cadre institutionnel. Il faut rappeler que le découpage, bien que trop parce qu’il ya beaucoup de petits territoires mais a réellement donné des chances aux collectivités territoriales dans le sens de les rendre d’abord intentionnellement viables, recevables, meme si le fait de trouver de correspondance entre nos structures décentralisées locales et les structures décentralisées internationales a été un des impacts positifs de la réforme de l’Acte 3 parce que rappelez vous bien que dans le passé nous avons connu des territoires qui s’appelaient des communautés rurales et il était difficile pour des décideurs locaux d’en jouir correctement parce qu’ils n’ont pas de répondants extérieurs. Je pense que c’est tout le bien qu’on peut citer de l’acte 3 de la décentralisation. Cependant, il faudra noter que ces territoires là ont été trop émiettés. Il y a des territoires qui trouvent des difficultés de viabilisation, ils n’ont pas d’existence en terme de recouvrement économique, ils n’ont même pas d’infrastructures sociaux de base devant leur permettre de faire le grand bon en avant pour le développement. Et au- delà de tout celà, je pense que le problème que nous sommes entrain de vivre aujourd’hui, est lié même à la gouvernance de ces territoires, aux difficultés de territorialisation des politiques publiques notamment des emplois qui, dois-je dire, devraient faire l’objet de prise en charge localement avec les fonds propres si est seulement si les communes sont viables et compétitives. Malheureusement, le constat est unanime: la majorité des communes dépendent des fonds de transferts de l’Etat chose increvable si on sait que les directions telles que la fonction publique territoriale, la direction de coopération décentralisée, … Ont des rôles éminemment importants dans l’appui au recrutement et a l’expansion de partenaires decentratiises.
Par ailleurs, j’ai l’impression que la direction de la coopération décentralisée bien que nouvellement installée peine à prendre de l’envol en terme de mission.

Après ce constat que vous veniez de faire, qu’est-ce qu’il faut faire pour rectifier ces inégalités ?

L’orientation stratégique du gouvernement de Ousmane Sonko sous les directives du président de la République Bassirou Diomaye Faye doit dans un premier temps accorder une priorité au secteur en appelant d’abord aux assises des territoires. Cela me semble tellement important car elles permettront d’identifier les goulots d’étranglement, après le diagnostic des acquis avant la proposition d’un plan stratégie de gouvernance notamment en termes de stabilisation des emplois et la cohésion sociale avec à la clé un encadrement durable du mode de recrutement conséquence de la grève actuelle. je pense qu’aujourd’hui que ce plan stratégie qui découle de orientation stratégique du gouvernement l’orientation serait un bon moyen de pacification du secteur car la volonté du gouvernement fera face à la compréhension des agents grévistes et de l’exécutif local au grand dame des usagers de services publics qui n’a que trop souffert depuis plus de deux (2) ans. De 1972 à nos jours, des réformes ont eu lieu successivement, aujourd’hui, depuis 2013 un excellent outil de gouvernance a été mis en place, qui a ses qualités mais aussi ses défauts. Il faut que les acteurs se retrouvent autour de la table, faire l’analyse de cet outil là, ressortir les acquis, les renforcer mais aussi les manquements, les transformer en opportunités pour rendre les territoires un réceptacle de politiques publiques efficientes et efficaces. Celà passe forcément par le biais du ministère la tutelle, je veux parler du ministère de l’Urbanisme,des Collectivités territoriales et l’Aménagement des Territoires dont Monsieur Balla Moussa Fofana a en charge de diriger. Un ministère stratégique parce que c’est un ministère qui s’occupe des territoires où les actions publiques se font. Mais au-delà de ça, je ne connais pas trop bien la lettre de mission octroyée aux différentes directions de ce ministère. Il me semble que deux directions doivent être mis à contribution. La première direction d’abord c’est la direction de la fonction publique locale qui doit jouer pleinement son rôle. La seconde direction, la direction de la coopération décentralisée ; deux directions éminemment important dans la gestion en amont des crises et dans la gestion en avale des crises.

Un ministère qui est secoué actuellement par des perturbations. Que pensez vous de celà ?

Des perturbations qui ne datent pas d’aujourd’hui, il faut le rappeler. Bientôt plus de deux ans que les agents des collectivités territoriales sont en mouvement de grève presque illimité, incontrôlé et laissés à eux-mêmes. C’est vrai, nous avons connu un changement de régime, de nouvelles autorités viennent de s’installer, qui dans les premiers cent jours bientôt ont besoin de temps cependant vue l’importance du secteur la non réaction pourrait avoir de lourdes conséquences: de troubles à l’ordre public. C’est d’ailleurs pour cette raison que le président de la République avec son Premier Ministre doivent donner des directives pour la reprise normale des services au niveau des mairies. Je pense qu’il est tout aussi important pour les nouvelles autorités, à travers le ministère des collectivités territoriales, de se pencher sur la question de comme stabiliser le secteur dans les cinq (5) années à venir. D’ailleurs, c’est à ce titre que j’appelle la direction de la fonction publique locale doit jouer pleinement son rôle parce qu’étant une des directions en charge de d’appuyer les communes en termes de recrutement mais service comme direction tampon entre les acteurs de la décentralisation et l’Etat surtout sur les questions éminemment conflictuelle comme le traitement salariale les avantages sociales entre autres: donc Monsieur le Ministre Balla Moussa Fofana est interpellé. L’exemple de la plateforme revendicative qui serait dans l’ordre de 21 milliards pour 16000 agents concernés est instructif. Je pense de cette revendication qui relève d’une légitimité, Le ministre devrait préconiser l’évaluation des actions de l’Etat à l’endroit des agents puis procéder à la négociation autour de la table pour pouvoir rassurer les gents. Car à mon avis les sénégalais ont fait confiance au projet de la Coalition Diomaye Président, pour qu’elle prenne en charge les problèmes voir les maux qui gangrènent de tous es secteurs du pays.

Selon vous est ce qu’il y a une possibilité de régler le problème ?

Bien sûr il y a une possibilité de régler cette situation. La première possibilité que j’allais dire, constitue les assises de territoires; premier palier de possibilité et ces assises de territoires doit être d’abord une priorité du gouvernement au même titre vue l’importance des mairies pour que ceux qui sont en grève arrêtent et reprennent le service même si on connaît bien leur situation économique et sociale. Ce sont des personnes qui socialement ont besoin d’être rassuré pour qu’ils reviennent à la décision. Comme on dit, tous les conflits ont fini par être réglés autour de la table. Le premier palier de règlement de ce conflit là, qui n’a que trop duré, est d’organisé des assises lesquelles permettront l’élaboration d’un plan stratégiques. Faire ressortir les acquis en termes constitutionnel , de creation d’emplois, de catégorisation des différents agents qui interviennent dans les collectivités locales.
Un Sénegal épanoui sera un Sénegal stable et émergent par les territoires, merci.

A BA