Ce samedi 27 juillet 2024 s’est tenu le Colloque international sur la langue arabe initié par le Pr Mouhamadou El Moctar Dieye, Chercheur à l’Institut Islamique de Dakar et représentant de l’Université islamique de Minnesota en Afrique de l’ouest. Dans l’objectif de revaloriser la langue arabe en Afrique et dans le monde, cette troisième édition s’est déroulée sous le Thème Défis et Perspectives de la langue arabe.
La situation des diplômés en arabe ainsi que l’expansion de la langue arabe dans le monde préoccupent les arabophones. Au Sénégal en particulier, ceux qu’on a l’habitude d’appeler les arabisans sont dans une situation de marginalisation. C’est un constat général qui a toujours fait l’objet de débats dans le pays. Et la raison n’est nulle autre que le Sénégal est un pays francophone malgré son encrage dans la langue arabe. Ce sont les diplômés de la langue de Molière qui sont privilégiés au détriment des arabisans qui peinent à insérer l’administration sénégalaise. Ils sont mis au banc de touche tout simplement parce qu’ils pensent en arabe et écrivent en arabe. Et pourtant jadis au temps de nos aïeux vers le 11 ème siècle l’arabe était la langue d’écriture des intellectuels sénégalais qui était pour la plupart d’obédience musulmane. Ainsi, des universités comme celle de koki, de Pire ou encore dans le Fouta, l’arabe était la langue d’écriture et d’enseignement des scientifiques et chercheurs de l’époque. C’est avec la traite négrière et la colonisation que des impérialistes comme la France ont envahit nos pays et ont entravé l’expansion de cette civilisation qui était en place. Par la suite, ils ont ouvert leurs écoles et combattu celle de l’arabe. L’avènement des Cheikhs à l’instar de Ahmadou Bamba vinrent le jour. Et ils firent face à un colon redoutable qui n’avait d’objectif que de réduire à néant cette culture arabophone qui avait pris forme. Cela à continuer avec l’avènement de l’indépendance où l’on assiste à l’erection de dirigeants francophones qui ont proné tout au long de leur règne leur adhésion totale à la France et ses dérivés. Consequences la langue arabe est retrogradée au second plan et on assiste à la naissance des arabisans qui sont marginalisés par le système malgré le fait qu’ils sont diplômés de grandes universités arabes à travers le monde. Des intellectuels arabaphones tel Sidy Lamine Niasse arbore la tenue du combattant de la langue arabe et se mesurent aux intellectuels francophones avec la création du groupe de presse Walfadjri.
Un combat qui aura duré longtemps avant qu’on assiste à la reconnaissance du Bac arabe par nos autorités. Une reconnaissance qui ne se ressent toujours pas parceque jusqu’à présent les diplômés de la langue arabe peinent à intégrer le marché de l’emploi au Sénégal.
C’est la raison pour laquelle, des chercheurs à l’instar du Professeur Mouhamadou El Moctar Dieye ont pris le relai pour continuer le combat. Avec l’appui de l’Université Islamique de Minnesota, le professeur, qui représente cette prestigieuse académie en Afrique de l’ouest, se bat corps et âmes aux côtés de ses frères arabophones pour la reconnaissance et l’insertion des diplômés en arabe dans le marché de l’emploi. Sur cette lancée, il a organisé ce colloque sur la langue arabe, qui s’est tenu ce samedi 27 juillet 2024. En présence de nombreux chercheurs des Universités africaines comme celles du Maroc, du Mali, du Nigeria, les débats étaient centrés autour des défis et perspectives qui attendent les chercheurs et les diplômés de la langue arabe.
Selon le docteur Ahmed Sakhir Mbaye, secrétaire général de l’institut Islamique de Dakar, les défis qui attendent les diplômés en arabes sont énormes. Avec le nombre actuel de diplômés en arabe qui ne cesse d’augmenter, le défi de l’insertion dans le marché de l’emploi est l’un des plus grands chantiers qui attend les arabisans, a-t-il soutenu. Et pour le docteur, les autorités étatiques ont un grand rôle à jouer dans ce combat pour l’insertion des arabisans dans le secteur de l’emploi.
Sur cette même lancée, le Professeur Mouhamadou Moctar Dieye ainsi que la majeure partie des intervenants ont évoqué l’importance de construire des Universités exclusivement réservées à la langue arabe et qui vont permettre de mieux doter aux arabophones la possibilité de pousser leurs études dans la formation de métier en adéquation avec le monde moderne.
Le Professeur Dieye a également évoqué les assises de la langue arabe qui doivent être tenues pour diagnostiquer les vrais problèmes des arabisans aux Sénégal dans le but de trouver des solutions plus adéquates et plus efficaces aux difficultés liées à l’expansion de la langue arabe dans nos pays.
Aussi, lors de ce colloque des chercheurs se sont penchés sur comment faire pour insérer l’arabe dans le système éducatif sénégalais. Ce qui serait un excellent moyen de faciliter l’expansion de la langue. Et rappelons que l’arabe était enseignée dans les écoles à une certaine époque. Mais cela n’a pas porter ses fruits au fil des ans.
Le Professeur Dieye appelle également tous les arabisans du Sénégal à faire un bloc pour relever ensemble les défis liés à la revalorisation de la langue arabe au Sénégal.
Après des heures d’échanges avec des interventions à tour de rôle, ce colloque qui s’est tenu exclusivement en langue arabe s’est terminé avec des doctorats honorifiques décerné à certains acteurs de ce combat.
Les conclusions de ce colloque vont être remis aux autorités de ce pays. Et avec ce nouveau régime qui a même mis en place une direction spéciale pour les diplômés en langue arabe, ces conclusions pourront servir aux autorités de mieux cerner les difficultés liées à la langue arabe et y apporter des solutions le plus rapidement possible.
Abdourahmane SY