On va vers la tenue des élections législatives dans quelques jours. En pleine campagne, les différentes listes sont en train de dévoiler leurs propositions et programmes pour gagner la confiance des populations. Dans cette marche vers l’Assemblée nationale, la coalition SAMM SA KÀDDU, regroupant différents ténors du Landerneau politique, a choisi de mettre le curseur sur une gouvernance concertée, où l’Assemblée nationale va jouer pleinement son rôle d’avant-garde devant l’exécutif.
Dans une note parcourue, par votre journal Évidence et qui fait l’économie de ce programme de SÀMM SA KÀDDU, on peut noter une gouvernance où le Premier ministre va occuper un pouvoir de définition et d’exécution.
Contribution in extenso
« Pour une « Gouvernance concertée »
La coalition SAMM SA KADDU a présenté aux électeurs Sénégalais un contrat de législature décliné en cinq axes majeurs. La synthèse dudit document fait ressortir pratiquement toutes les préoccupations des populations. De l’économie à la justice en passant par l’emploi des jeunes, aucun secteur n’est laissé en rade.
Au plan institutionnel, cette coalition, consciente des manquements de l’ancien régime et des errements du nouveau dans la conduite des affaires publiques, propose une sorte de refondation des institutions. L’idée phare consiste à doter le Premier ministre du pouvoir de définition et d’exécution de la politique de la Nation. Une vraie réforme, celle-là si l’on considère l’importance de la primature dans l’architecture institutionnelle. En effet, le Premier ministre a toujours été considéré comme « le fusible » du Président de la république, l’homme à tout faire, responsable devant le Parlement mais qui, en retour, ne doit avoir aucune ambition. Il n’est qu’un serviteur pour ne pas dire un pion entre les mains du Chef de l’Etat. Position ingrate !
Avec la réforme que propose Sam Sa Kaddu, le nouveau chef du gouvernement aura les coudées franches pour proposer les membres de son équipe et aura une certaine maitrise sur ces derniers d’autant plus qu’ils sont véritablement nommés sur sa proposition et selon ses orientations contrairement à la situation actuelle qui n’est que théorique.
Une telle réforme passe nécessairement par l’obtention d’une majorité au soir du 17 novembre. Le cas échéant, le Président de la république, pour éviter d’éventuels blocages dans le fonctionnement régulier des institutions et pour respecter le choix des électeurs, devra privilégier le dialogue et la concertation avec les nouveaux maitres de l’Assemblée nationale.
Dans les grandes démocraties, ce phénomène est récurrent. Au Sénégal par contre, il fait peur aux tenants du pouvoir. Normal dans un régime à vocation présidentialiste où tous les pouvoirs sont concentrés entre les mains du président de la république. Mais, force est de reconnaitre qu’en cas de majorité de l’opposition à l’Assemblée nationale, quels que soient les pouvoirs du président de la république, il ne pourra pas légiférer à la place des parlementaires d’autant plus que les législations d’exception sont comme leur nom l’indique, une exception. Elles durent un certain temps et sont encadrées.
Le Sénégal a aujourd’hui l’occasion d’expérimenter le concept de la
cohabitation qui traduit somme toute les ressorts de la nouvelle gouvernance publique basée sur la concertation, la transparence et la reddition des comptes. C’est pourquoi, certains juristes parlent de « gouvernance concertée ». Ce concept, au-delà de l’effet euphémique, est une résultante de la nouvelle dimension de la gestion publique basée sur la co- construction. En effet, de plus en plus, les gouvernants, dans la définition et l’exécution des politiques publiques, sont obligés de prendre en compte toutes les préoccupations pour arriver à un consensus.
Si une telle éventualité se présentait au Sénégal, le scénario serait intéressant. Elle permettrait d’éviter la dualité qui commence à naitre au sein de l’Exécutif entre le président de la république démocratiquement élu et le premier ministre. Ainsi, Diomaye pourra enfin se décharger du lourd fardeau (Président par défaut) qu’il porte laborieusement et devenir un vrai Président. Et le nouveau Pm dérouler en toute quiétude son programme.
L’enjeu vaut la peine d’essayer. »