Affaire Barthélémy Dias : entre vérité Judiciaire et jeu Politique

La destitution de Barthélémy Dias, ancien maire de Dakar, a enflammé le débat public au Sénégal, révélant une fracture entre légalité et politique. Au cœur de cette polémique se trouve une décision impérieuse, mais nécessaire, en vertu des articles L.29, L.30, et L.277 du Code électoral, suite à sa condamnation pour « coup mortel ». En dépit des soupçons d’instrumentalisation politique, il est primordial de disséquer la situation en séparant le factuel du partisan.
D’un point de vue strictement légal, la radiation de Barthélémy Dias est irréfutable. Elle repose sur un solide fondement juridique. Sa condamnation, confirmée par la Cour suprême en 2023, active les clauses d’inéligibilité de l’article L.29 du Code électoral sénégalais. Cette révocation n’est pas une option, mais une obligation légale, une expression de l’État de droit en action. C’est une démonstration éclatante que la loi ne fléchit devant personne, résistant aux vents contraires du pouvoir politique, fût-il le tout-puissant maire de la capitale.
Cependant, il est impossible de faire abstraction du contexte politique chargé qui entoure cette affaire. Les tensions notoires entre Barthélémy Dias et l’exécutif suscitent des interrogations légitimes. La célérité de la sanction, appliquée alors que la condamnation était connue depuis un certain temps, alimente la perception d’une manœuvre politique. Si la légalité de la radiation est immaculée, sa perception comme un règlement de comptes politiques menace de compromettre la confiance dans les institutions.
La crédibilité de l’État de droit au Sénégal repose sur deux piliers : des décisions légalement inattaquables et perçues comme équitables. Bien que la légalité soit difficilement contestable, la perception de partialité dans cette affaire exige un examen rigoureux.
En effet, les élites politiques doivent rompre avec cette tradition nuisible de vouloir manipuler la justice à des fins opportunistes. Dos au mur, les hommes politiques du pays ont ce vilain pli de toujours vouloir convertir leurs soucis judiciaires en combat politique. La relation entre justice et politique nécessite une refonte totale, un démantèlement du bouclier de privilèges injustifiés.
La question cruciale est celle de la responsabilité politique et de l’intégrité. La loi doit s’appliquer avec la même rigueur à tous, indépendamment des jeux politiques. L’allégation de manipulation, bien qu’alimentée par un climat tendu, ne doit pas occulter une condamnation pénale justifiée. L’objectif primordial doit être de prioriser l’application impartiale de la loi, décourageant les manipulations politiques qui sapent la confiance des citoyens dans la justice. Avec détermination et transparence, le Sénégal doit s’engager résolument sur le chemin de l’État de droit, libéré des accords obscurs et des dynamiques politiques séculaires. Dans cette affaire, force est de constater que la vérité judiciaire émerge victorieuse, dépassant les intrigues politiques et confirmant la primauté de la justice sur les passions partisanes.

Cheikh Seck
Conseiller en Stratégies – Montréal
cheikhseck313@gmail.com