Produire c’est bien mais bien vendre c’est encore mieux.
La souveraineté alimentaire est la base du référentiel de politique agricole des nouvelles autorités. À cet effet, l’Etat a identifié des filières prioritaires pour servir de locomotive à notre agriculture. Force est de constater que nos politiques publiques mettent l’accent plutôt sur la production que sur le marché.
En effet, la réussite de notre politique agricole repose sur le triptyque FINANCEMENT-PRODUCTION-MARCHE.
L’AGRICULTURE est le parent pauvre des banques en raison du profil de risques des entreprises agricoles lié aux contraintes de production ( matériel végétal non performant, maladies, intempéries) mais aussi et surtout les contraintes liées à l’inorganisation du marché.
Si les avancées technologiques permettent de plus en plus de maîtriser la production avec l’utilisation de variétés hybrides très performantes, les abris serres qui assurent une meilleure protection des cultures face aux maladies et intempéries, la maîtrise du marché reste le maillon faible des filières agricoles.
Le marché des produits agricoles est incertain en terme de disponibilité des produits et de formation des prix.
Le producteur et son banquier n’ont souvent aucune maitrise a priori sur les quantités et les prix de vente, car les lois du marché sont viciés par les contraintes logistiques et l’asymétrie de l’information entre le producteur et le marché. D’où le peu d’intérêt des institutions financières à soutenir le secteur.
Il faut le reconnaître, on ne réussira jamais une agriculture performante sans le soutien d’un secteur bancaire maîtrisant les risques liés à la production et à l’écoulement des produits sur le marché.
Pour arriver à concilier la production, le marché et le financement, nous explorons ici quelques pistes de réflexion :
- Créer un marché de gros des produits agricoles qui met face à face une offre et une demande de produits agricoles en temps réel. Le marché d’intérêt national dispose de toutes les infrastructures pour créer cette bourse des produits agricoles qui bannit le diktat des intermédiaires acheteurs bords champs.
- Mettre en place des infrastructures de stockage et une chaîne logistique pour réguler le marché des produits agricoles surtout en cas de surproduction par rapport aux besoins du marché. Le développement du système de récépissé d’entrepôt qui permet de sécuriser les stocks et de les faire valoir auprès des institutions financières pour la levée de fonds.
- Revoir notre dispositif prudentiel en développant des schémas de financement innovants et des mécanismes de garantie crédibles (fonds de garantie de l’Etat, nantissement de stocks, ventes à terme) afin d’inciter les banques à financer les filières stratégiques.
Enfin, Pour réussir notre agriculture, il faut gagner le pari du financement en organisant nos marchés sous la régulation de l’Etat. C’est tout l’intérêt de la mutualisation de la commercialisation par la mise en place de coopératives de ventes basées sur les filières et non sur les communes.
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Cheikh Ahmad Tidiane Sy al Amin