Doudou Gnagna Diop, président du Conseil d’administration de la Société d’Aménagement et de Promotion des Côtes et Zones Touristiques du Sénégal (SAPCO), s’attelle à relever un défi de taille : sortir le tourisme sénégalais de l’impasse. Entre ambitions économiques, projets d’infrastructures et relance du dialogue avec les collectivités locales, il déploie un plan audacieux pour redonner au secteur sa place centrale dans l’économie nationale.*
Diagnostiquer pour mieux relancer
Acteur clé du tourisme national, la SAPCO fait face à une crise structurelle marquée par des recettes insuffisantes, des infrastructures vieillissantes et un manque de visibilité à l’international. Le diagnostic établi par Doudou Gnagna Diop est clair : « Pour redresser la barre, une série d’initiatives sera lancée dès le premier trimestre 2025. »
Les régions touristiques souvent négligées, telles que le nord, l’est et la Casamance, seront prioritaires. « Nous devons promouvoir ces destinations, alliant aménagement durable et préservation des écosystèmes, un impératif pour le Sénégal », affirme-t-il.
Thiès, un futur pôle touristique majeur
La région de Thiès occupe une place centrale dans les ambitions de la SAPCO. Grâce à l’attribution de 500 hectares dans la forêt classée d’Alou Kagne, ainsi qu’à Mbour 4, l’organisation envisage le développement d’un tourisme intégré, avec notamment des camps de vacances destinés aux touristes nationaux et internationaux.
Le mont Rolland, avec ses paysages pittoresques et son potentiel écologique, pourrait également devenir un site emblématique du renouveau touristique dans la région. Par ailleurs, des études de faisabilité sont en cours pour la création d’une deuxième station balnéaire dans la zone côtière de Noto-Gadiaga.
Finances fragiles, urgence de réhabilitation
La situation financière de la SAPCO reste préoccupante. Les recettes actuelles peinent à couvrir les besoins fondamentaux, rendant urgente la réhabilitation des infrastructures. « Un budget spécifique a été soumis pour restaurer les sites les plus endommagés. Sans ces investissements, nous risquons de perdre davantage en attractivité », alerte Doudou Gnagna Diop.
Le potentiel inexploité du tourisme religieux
Malgré sa riche diversité culturelle, le Sénégal exploite peu le potentiel du tourisme religieux. Des événements majeurs comme le Magal de Touba et le Gamou de Tivaouane attirent chaque année des millions de fidèles, mais leur impact touristique reste limité.
Des discussions sont en cours avec les familles religieuses et les collectivités locales pour intégrer ces événements dans une stratégie nationale visant à attirer non seulement des pèlerins, mais aussi des touristes curieux de découvrir ces moments de ferveur intense.
Modernisation et gouvernance locale
Pour 2025, la SAPCO mise sur une réforme en profondeur de sa gestion. « Nous travaillons sur un manuel de procédures et un règlement intérieur pour renforcer la rigueur de notre gouvernance », explique le président.
La réactivation des comités de gestion dans les stations touristiques figure également parmi les priorités, afin de favoriser une approche participative impliquant les acteurs locaux et les professionnels du secteur.
Vers un tourisme durable et inclusif
La SAPCO entend faire du tourisme durable le pilier de sa stratégie. « La Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) doit être une priorité pour limiter les impacts négatifs sur nos écosystèmes et nos communautés », souligne Doudou Gnagna Diop.
L’implication des populations locales dans les projets touristiques sera cruciale pour préserver les richesses naturelles et garantir des retombées économiques directes pour les habitants.
Jeunesse et formation : bâtir la compétitivité
La formation des jeunes constitue un axe clé pour renforcer la compétitivité du secteur. La SAPCO multiplie les partenariats avec les universités locales pour offrir des stages pratiques aux étudiants. « Le manque d’expérience est un frein majeur à l’employabilité. Ces stages offriront aux jeunes des compétences concrètes adaptées aux besoins du marché », ajoute-t-il.
Le projet de tutorat, annoncé il y a deux mois, prend forme grâce au soutien de l’Organisation Nationale d’Intégration du Tourisme Sénégalais (ONITS). Les locaux du Pôle d’Intégration du Tourisme Sénégalais (PITS) sont prêts à accueillir les premiers bénéficiaires.
Les Assises de la SAPCO : restaurer la confiance
Pour renforcer le dialogue entre la SAPCO, les collectivités locales et les populations, des assises nationales seront organisées en 2025. Cet espace d’échange permettra de poser les bases d’une relance inclusive et durable.
2025, une année cruciale
Malgré les nombreux défis, Doudou Gnagna Diop reste optimiste. « Le Sénégal dispose de tous les atouts pour devenir une destination touristique incontournable : des paysages variés, une richesse culturelle unique et une population accueillante. Mais cela nécessite une gestion rigoureuse et des investissements stratégiques », conclut-il.
Avec la déclinaison du référentiel 2050, la SAPCO aspire à un tourisme souverain et profitable à tous, articulé autour de huit pôles touristiques. Ces réformes visent à redonner vie à un secteur clé, ancré dans l’identité nationale du Sénégal.
Anta Fofana Konaté (Correspondante)