Dans une note de contribution adressée aux autorités compétentes, Mamadou Ndione, Directeur général du COSEC (Comité sénégalais des chargeurs), a lancé un appel pour une réforme profonde de la gestion du secteur du transport des marchandises au Sénégal. Cette intervention, qui survient dans le cadre de son rôle de président de l’Union nationale des chambres de commerce, d’industrie et d’agriculture du Sénégal, met en lumière plusieurs problématiques de gouvernance, de représentativité et de gestion des fonds destinés à améliorer les infrastructures du secteur.
L’une des principales préoccupations de Mamadou Ndione porte sur la représentativité au sein du COSEC. Selon lui, la composition actuelle de l’Assemblée générale et du Conseil d’administration de l’institution est largement dominée par quatre organisations professionnelles : la CNP, le CNES, l’UNACOIS et le GES. Ces dernières, bien que légitimes, ne représentent qu’une partie des opérateurs économiques, à l’exclusion d’autres acteurs essentiels, comme les chambres de commerce régionales. Cette inégalité de représentativité est perçue comme un obstacle à une gestion juste et équitable des ressources du secteur.
Mamadou Ndione souligne que le décret régissant le COSEC stipule que les voix au sein de l’Assemblée générale doivent être attribuées en fonction du nombre d’adhérents et du tonnage importé ou exporté par chaque organisation, ce qui n’est manifestement pas respecté. Il appelle à une révision de cette structure afin que chaque acteur du secteur ait une voix équivalente dans la gestion de l’institution.
Un autre point majeur soulevé par Ndione concerne la gestion des fonds générés par la taxe sur le fret. Actuellement estimée à plus de 15 milliards de FCFA par an, cette taxe est collectée par la douane et versée directement au COSEC. Cependant, selon le DG du COSEC, l’utilisation de ces fonds manque de transparence et ne cible pas efficacement les infrastructures de transport, notamment les ports intérieurs, les gares de fret et les camions gros porteurs.
Mamadou Ndione propose que ces fonds soient investis davantage dans la réhabilitation des infrastructures portuaires et le renouvellement du matériel de transport, afin de réduire les coûts de fret et de rendre les marchandises plus accessibles, notamment dans les régions intérieures du pays. Il souligne qu’un conteneur transporté de Havre à Dakar coûte environ 1 500 USD, tandis que le transport interne au Sénégal peut atteindre des coûts de 2 500 USD en raison des infrastructures insuffisantes et de l’inefficacité du fret intérieur.
Cela conduit à une distorsion des prix à l’intérieur du pays, rendant les produits importés inaccessibles pour de nombreuses populations, notamment celles vivant en dehors de Dakar. Cette situation, selon Ndione, doit être corrigée par des investissements ciblés pour améliorer l’accessibilité et la compétitivité des produits, notamment dans l’exportation des produits agricoles.
Mamadou Ndione dénonce également la gestion des subventions au sein du COSEC. Actuellement, des sommes importantes sont allouées de manière disproportionnée aux quatre organisations professionnelles dominantes, créant ainsi un climat de favoritisme et de discrimination au détriment des autres acteurs légitimes du secteur. Il critique également l’allocation de fonds supplémentaires aux chambres de commerce de Dakar et des chambres régionales, estimant que ces pratiques ne sont pas conformes aux principes d’équité et de transparence.
Cette situation crée un déséquilibre majeur dans la distribution des ressources et empêche le secteur privé dans son ensemble de bénéficier d’une gestion juste et transparente des fonds. Il appelle ainsi à une révision complète de cette politique de subvention pour éviter toute concentration de pouvoir au sein de quelques organisations professionnelles au détriment du bien-être général des chargeurs et des opérateurs économiques.
Le Directeur général du COSEC met également en garde contre les tensions récurrentes observées dans le secteur, notamment les conflits au niveau des ports, entre armateurs, consignataires et transporteurs, qui ont souvent conduit à des grèves paralysantes. Selon Ndione, ces conflits sont la conséquence directe de la mauvaise gestion et de la gouvernance déséquilibrée au sein du COSEC. Il estime que des réformes structurelles et une gestion plus transparente pourraient contribuer à réduire ces tensions et à éviter que de telles situations ne nuisent à l’économie nationale.
Il plaide également pour une concertation inclusive avec les ministères concernés et l’ensemble des acteurs du secteur privé pour repenser les structures de gouvernance du COSEC. En effet, il estime qu’une meilleure gestion des fonds alloués par l’État pourrait contribuer à une réduction des coûts de transport, une amélioration de la compétitivité des produits sénégalais et, in fine, à un développement durable du secteur des transports.
En conclusion, Mamadou Ndione réaffirme son engagement en faveur d’une réforme en profondeur de la gestion du secteur du transport au Sénégal, afin de promouvoir la transparence, la compétitivité et l’inclusion. Il appelle à une prise de conscience collective des enjeux économiques actuels, et à une coopération renforcée entre l’État, les chambres de commerce, et les acteurs privés pour garantir une gouvernance juste et un secteur du transport plus compétitif et inclusif.
Mamadou Ndione termine sa note en soulignant qu’il est disponible pour apporter son soutien à la mise en œuvre de ces réformes, dans un esprit constructif, afin de contribuer à l’émergence économique du Sénégal, conformément à la vision de développement du Président Macky Sall.
Cet appel à la réforme, porté par Mamadou Ndione, pourrait marquer un tournant pour le secteur du transport au Sénégal, en renforçant sa gouvernance, son efficacité et sa compétitivité, tout en garantissant une meilleure accessibilité des produits pour toutes les populations sénégalaises.
PMF