Ce samedi 28 décembre, à la place de l’Obélisque, s’est tenue une cérémonie de présentation et de dédicace du livre « À l’ombre du BÉNTEÑE : Naissance d’une passion pour la ville », un ouvrage écrit par Sergine Cheikh Oumar SY Djamil, en collaboration avec l’association Doomi Gueule Tapée Fass Colobane (DGFC). Ce livre, qui retrace l’histoire et les défis du quartier de Gueldapé, au cœur de Dakar, est un témoignage de la passion de l’auteur pour sa commune et une réflexion profonde sur le développement local au Sénégal.
Dans son livre, Sergine Cheikh Oumar SY Djamil raconte la vie dans la commune de Gueldapé, souvent négligée malgré sa position stratégique à Dakar, entre le Plateau, la Médina et le Point E. Il y évoque l’histoire de Sayidi Djamil, un homme de la commune, souvent méconnu du grand public, mais qui a marqué l’histoire locale par son implication. “C’est un territoire qu’il n’a jamais quitté. Un lieu de lutte, de résistance, mais aussi d’espoir pour l’avenir,” souligne l’auteur.
Il met en lumière les paradoxes du quartier, qui, malgré ses atouts éducatifs indéniables — trois lycées et une concentration d’écoles supérieures parmi les plus grandes de la capitale —, fait face à une pauvreté persistante et à des inondations récurrentes qui affectent le quotidien de ses habitants. L’auteur dénonce des conditions de vie précaires, où des femmes sont contraintes de vivre pendant des semaines dans des chambres inondées, faisant la cuisine sur des lits.
Ce qui ressort clairement de l’intervention de l’auteur, c’est son appel à un changement radical dans la gestion des ressources publiques et des politiques locales. Sergine Cheikh Oumar SY Djamil plaide pour une meilleure répartition des ressources nationales et une réforme des collectivités territoriales. “Il est essentiel que l’État décentralise les fonds et donne aux communes les moyens d’agir sur des projets concrets et durables. Aujourd’hui, seulement 2 % du budget de l’État est exécuté au niveau local. Cela doit changer,” insiste-t-il.
L’auteur propose la création de programmes de développement local structurés, avec une attention particulière portée à l’éducation, la santé, la sécurité, et l’amélioration des conditions de vie. Il met également en exergue la nécessité d’une gouvernance locale forte et bien financée, afin que chaque commune puisse véritablement participer à la croissance du pays.
Le livre « À l’ombre du BÉNTEÑE » s’inscrit dans une vision plus large du développement du Sénégal. L’auteur fait l’éloge des structures éducatives du quartier tout en dénonçant la rupture scolaire alarmante. Il insiste sur la nécessité de réformer l’accès à l’éducation, pour permettre à chaque enfant de bénéficier d’une formation de qualité. À cet égard, il rappelle que la commune de Gueldapé abrite des établissements d’enseignement de renommée, mais qu’ils ne parviennent pas à enrayer les inégalités scolaires qui frappent la jeunesse locale.
En évoquant la question de la TVA, l’auteur met également en lumière l’importance d’une fiscalité plus équitable, dont les fruits doivent profiter directement aux populations locales, et notamment aux zones les plus défavorisées.
Le titre du livre fait référence à l’arbre Bentaygne, situé à l’entrée du quartier, un symbole à la fois de la résistance et de l’enracinement. Pour l’auteur, cet arbre incarne l’ombre sous laquelle la commune a grandi, mais aussi l’espoir d’un avenir meilleur. Le livre devient ainsi un manifeste pour un développement local durable, fondé sur la participation citoyenne et la valorisation des ressources propres des quartiers populaires.
Dans un contexte où la décentralisation et la gestion locale des ressources sont des enjeux majeurs, « À l’ombre du BÉNTEÑE » nous invite à repenser la manière dont les politiques publiques sont appliquées et à redonner aux communes le pouvoir de définir leur propre avenir. Le livre est une invitation à l’action collective pour transformer le quotidien des Sénégalais, et particulièrement des habitants des zones urbaines oubliées.
À travers cet ouvrage, Sergine Cheikh Oumar SY Djamil ne se contente pas de raconter l’histoire de Gueldapé, il propose une véritable feuille de route pour le développement local et la territorialisation des politiques publiques. En apportant un éclairage sur les dysfonctionnements de sa commune, il ouvre également la voie à un débat crucial sur la répartition équitable des ressources et l’autonomisation des collectivités locales.
À l’ombre du BÉNTEÑE devient ainsi bien plus qu’un livre : il est un appel à la mobilisation de tous les citoyens pour construire un Sénégal plus juste, plus égalitaire et plus solidaire.