Après la présidentielle de 2012 et la victoire du candidat Macky Sall, le peuple sénégalais n’a pas compris le retour en force de l’armée française au Sénégal. Il considérait le départ de celle-ci, qui a été imposé par le Président Wade, comme une victoire du colonisé sur le colon. Le nouveau président leur avait fait la surprise du cocu en signant un nouveau traité portant accord de coopération militaire avec la France.
Au moment où les opinions publiques africaines avaient commencé à remettre en cause la sincérité et l’honnêteté de l’engagement militaire des forces françaises, avec de plus en plus de désaccords sur plusieurs domaines notamment stratégiques entre Paris et les pays d’Afrique de l’ouest, ce traité de coopération militaire s’analyse en une OPA, validée par Macky Sall avant sa présidence. En effet, ayant prêté serment le 02 avril 2012, il est normal que les sénégalais puissent se demander comment il a pu être informé, lire et formuler des objections avant de signer un traité, composé de trois annexes, instituant un partenariat en matière de coopération militaire le 18 avril 2012.Et ceci d’autant que sa manifestation de la hâte n’a pas été suivie par la partie française. Le décret y afférant va attendre la loi n° 2013-1228 du 27 décembre 2013 autorisant la ratification. Il précise en son article1 que ‘’Le traité instituant un partenariat en matière de coopération militaire entre la République française et la République du Sénégal (ensemble trois annexes), signé à Paris le 18 avril 2012, sera publié au Journal officiel de la République française’’. Pour dire que les principes de prudence et de précaution n’étaient pas au rendez-vous.
Quand on sait que ces forces permanentes françaises en Afrique ne sont stationnés qu’en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Gabon et à Djibouti, il n’y avait aucune raison, ni demande de la part des français d’approfondir cette coopération le plus rapidement possible.
Dans le contexte actuel, je demeure convaincu que ce n’est pas l‘ancien secrétaire d’État à la Coopération et à la Francophonie, Jean-Marie Bockel co-auteur en 2023 d’un rapport intitulé ‘’L’Afrique est notre avenir’’ qui pourra changer la donne. Si l’avenir de la France c’est l’Afrique, ce ne sera pas par le biais des élites françaises qui ne font plus le poids, mais d’un nouveau modèle de partenariat gagnant-gagnant des hommes d’affaires en lieu et place du modèle dépassé d’un partenariat militaire. Des statistiques françaises révèlent qu’en 2024, 66 500 entreprises sont en faillite. Cette dernière imputée à l’inflation, aux taux d’intérêt élevés et aux erreurs politiques, oubliant au passage la fin de l’argent facile au Mali, au Niger et au Burkina. Cette tendance baissière risque de prendre du volume en 2025 au point de menacer la France elle-même de faillite si ce n’est pas déjà le cas.
En parcourant les termes du traité, tout citoyen patriote et/ou souverainiste arrivera à la conclusion que j’ai fait mienne : Macky SALL n’a rien fait d’autre que de brader la République du Sénégal.
Voilà pourquoi je m’autorise à commenter quelques parties du document publié à l’effet de partager ma modeste compréhension.
Préambule
Désireuses d’approfondir leur coopération en matière de coopération militaire, en établissant un partenariat fondé sur les principes de respect mutuel de la souveraineté, de l’indépendance et de l’intégrité territoriale des deux Etats ;
Rappelant que la présence des forces françaises sur le territoire sénégalais découle de la volonté commune des deux Parties,
Sont convenues de ce qui suit
On retient que le Président Macky SALL, au lieu de penser à réduire la présence d’une armée française qui ne sert pas les intérêts du Sénégal, il est expliqué que qu’il désire approfondir la coopération militaire. En fait, le contrat synallagmatique de coopération militaire que Wade contestait avec l’accord du peuple va être remis en cause, mais mieux, les domaines concernés par cet accord vont être multipliés.
• Article 1er
Définitions
1. Dans le présent traité, l’expression :
a) « Forces » désigne tout corps, contingent ou détachement constitué de personnels appartenant aux armées de terre et de l’air, à la marine nationale, à la gendarmerie nationale, ainsi qu’aux services de soutien interarmées ;
b) « Membres du personnel » désigne le personnel appartenant aux forces de l’une des Parties ainsi que le personnel civil de l’une des Parties employé par les ministères compétents dans les domaines de la défense et de la sécurité, présent sur le territoire de l’autre dans le cadre du présent traité, à l’exclusion des ressortissants et des résidents permanents de l’Etat d’accueil ;
Services de soutien interarmées
• Service du commissariat des armées (SCA), dirigé par une direction centrale et chargé de l’administration générale et du soutien commun des armées ;
• Service de l’énergie opérationnelle (SEO) une direction centrale et chargé de l’achat, du traitement et de la délivrance des essences et fluides ;
• Service de santé des armées (SSA), dirigé par une direction centrale et chargé du suivi médical de l’ensemble du personnel civil et militaire du ministère des Armées sur le territoire national ………..et sur les théâtres d’opération extérieure ;
• Direction interarmées des réseaux d’infrastructure et des systèmes d’information de la défense (DIRISI), chargée de fournir l’ensemble des moyens de communications chiffrés ou non sur le territoire français (et certainement sénégalais) et de protéger ce réseau des intrusions et des actes de malveillances.
Les membres du personnel (le personnel sénégalais n’existe pas) renvoient aux forces françaises.
Le personnel civil français veut dire en fait tous les français qui sont en contact, même lointain, avec la défense ou la sécurité
Les sénégalais qui sont dans la même situation que le français ne sont pas concernés de même que les français qui sont citoyens sénégalais ou qui ont opté de résider au Sénégal en permanence (verrouillage des renseignements susceptibles de parvenir aux autorités sénégalaises.)
c) « Personne à charge » signifie le conjoint ou toute autre personne vivant maritalement avec un membre du personnel, ainsi que ses enfants mineurs, conformément à la législation respective des Parties ;
d) « Etat d’origine » signifie la Partie dont relèvent les membres du personnel qui se trouvent sur le territoire de l’autre Partie ;
e) « Etat d’accueil » signifie la Partie sur le territoire de laquelle se trouvent, en séjour ou en transit, les forces ou les membres du personnel de l’Etat d’origine.
2. Aucune disposition du présent traité ne déroge aux droits et obligations qui seraient reconnus à une force ou à un membre du personnel de l’une des Parties à raison de sa participation à une opération de maintien de la paix sous mandat des Nations unies.
C) Personnes à charge signifie le conjoint, qu’il soit une femme ou un homme, l’essentiel étant qu’ils vivent ensemble.et les enfants mineurs même pour les couples homosexuels.
d) L’Etat d’origine : la France.
e) l’Etat d’accueil : le Sénégal.
2. Aucune disposition du présent traité ne déroge aux droits et obligations qui seraient reconnus à une force ou à un membre du personnel de l’une des Parties à raison de sa participation à une opération de maintien de la paix sous mandat des Nations unies.
Il faut comprendre que les forces françaises stationnées au Sénégal peuvent, à tout moment et sans l’aval du Sénégal, participer à des opérations n’importe où. Dans le monde Il suffit que l’opération estampillée Nations Unies.
▪ Article 2
Objectifs du partenariat
1. Par le présent traité, et dans le respect de leurs engagements internationaux, les Parties s’engagent dans un partenariat en matière de coopération militaire afin de concourir à une paix et une sécurité durables sur leur territoire ainsi que dans leur environnement régional respectif.
Le Sénégal s’engage ainsi à concourir à une sécurité et une paix durables sur le territoire français et dans son environnement de même que la France au Sénégal.
La France a donc le pouvoir d’engager son armée au Sénégal et dans les pays environnants du Sénégal dans le but de mener des opérations pour asseoir la paix ou la sécurité des sénégalais ou des français.
De même, le Sénégal, à la faveur du même prétexte, accepte d’engager son armée avec les troupes françaises pour mener des opérations à l’intérieur du Sénégal et dans la CDEAO. Ce qui explique pourquoi le Sénégal faisait partie du groupe CDEAO qui, à la demande de la France, devait attaquer le Niger.
2. Dans la perspective de la constitution de la force africaine en attente, les Parties peuvent décider d’un commun accord d’associer les contingents nationaux d’autres Etats africains à certaines activités initiées dans le cadre du présent traité, en concertation avec les organisations régionales concernées.
En prévision de la mise en place de la force africaine en attente, le Sénégal accepte de mener des opérations (certaines activités) initiées par l’armée française dans ou en dehors de la CDEAO avec, si nécessaire, des contingents d’autres Etats africains membres ou non de la CDEAO.
Si nous partons du postulat que la FFA (force africaine en attente) n’existe pas, cela veut simplement dire que le Sénégal accepte de fournir des troupes (qu’on peut assimiler à des mercenaires) de son armée pour des opérations quelconques de l’armée française dans n’importe quel lieu du monde. Et, pour ce faire, le Sénégal accepte de collaborer avec d’autres armées mercenaires d’Etats africains.
La Haute Trahison. De quel droit un Président de la République peut- il accepter de mettre un contingent de son armée à la disposition d’un autre pays pour mener des opérations secrètes, voire illégales qu’ils appellent ici certaines activités initiées par la France.
3. L’Union européenne, l’Union africaine, la CEDEAO, leurs Etats membres ainsi que tout autre Etat peuvent être invités d’un commun accord par les Parties à s’associer aux activités prévues par le présent traité. Les modalités de cette participation sont précisées dans des accords particuliers.
Il est évident que le Sénégal ne peut, en aucune manière, inviter les susnommés pour une opération militaire en France. Voilà pourquoi c’est l’autre partie, la France, qui s’octroie le droit d’inviter qui il veut à des activités militaires qui se déroulent au Sénégal (sans préciser contre qui). C’est un secret de polichinelle que du personnel du régime sortant, y compris une certaine presse, a tout fait pour relancer une guerre civile ethnique. S’il était arrivé à ses fins avec un appui de terroristes pour les rebelles, il est évident que la France aurait mis en œuvre le traité par le bais d’une opération enfumage avec des forces européennes et africaines, prises en charge par le Sénégal, (le pétrole et le gaz aidant) qui serait sécurisé par ces armées étrangères comme au Mali.
• Article 4
Domaines et formes du partenariat en matière de coopération militaire
1. Dans le cadre du partenariat en matière de coopération militaire, les Parties mettent en œuvre une coopération qui peut couvrir les domaines suivants :
Pour moi, cela veut dire c’est la France et non le Sénégal qui choisit les domaines concernés susceptibles de mise en œuvre dans la coopération, soumission oblige.
c) Organisation et conseil aux forces mettant en œuvre des actions de formation militaire, de soutien technique et la mise à disposition de coopérants militaires techniques français ;
Le Sénégal accepte que les militaires français entrainent nos armées avec des coopérants militaires techniques français pour le soutien technique. Je suis convaincu que l’armée sénégalaise est mieux entrainée que l’armée française, Il faut donc en déduire que ces coopérants militaires sont là pour surveiller nos armées ou recruter des agents dès lors que la France ne parle pas d’instructeurs pour le maniement de missiles, de drones ou d’avions de chasse.
d) Formation des membres du personnel sénégalais par leur accueil ou leur admission en qualité d’élève ou de stagiaire dans les écoles de formation militaires françaises ou soutenues par la France, dans les conditions qui sont précisées en annexe au présent traité ;
Décidément on ne peut trouver plus ténébreux que ce paragraphe. J’ai compris que la formation en France par des militaires français n’est pas acquise. Les militaires sénégalais peuvent être formés par exemple au Maroc, en Tunisie ou mieux aux Etats Unis à la demande de la France.
Comment un pays comme le Sénégal peut-il accepter que la France soit son tuteur pour envoyer ses soldats dans d’autres pays du monde pour formation ?
Et pourquoi c’est la France et non le pays d’origine ou ciblé pour la formation qui juge de la capacité et des critères pour l’admission d’un militaire déjà validé au Sénégal dans une école française ou étrangère ?
C’est une stratégie que la France utilise ici pour faire comprendre aux sélectionnés qu’ils sont plus redevables à la France qu’à leur propre pays. Un moyen supplémentaire pour tenter de recruter des agents sénégalais mais surtout pro- français parmi ceux qui sont formés en France.
e) Toute autre activité convenue d’un commun accord entre les Parties en fonction de leurs intérêts communs.
Ici, on dépasse la coopération militaire et l’entendement pour accepter toute autre activité qui relève des intérêts des deux parties. En clair, le Sénégal accepte de mobiliser ses militaires dans des activités qui n’ont rien à voir avec leurs attributs sans préciser si l’activité est licite ou illicite.
2. Les conditions d’application de la coopération définie ci-dessus peuvent être précisées par voie d’accords ou d’arrangements techniques spécifiques.
Afin de donner une cohérence aux activités prévues par le présent traité, il est créé un comité de suivi coprésidé par un représentant civil de chaque Partie. Il peut faire appel, en tant que de besoin, à des experts de chacune des Parties. La composition, les missions et le fonctionnement du comité sont déterminés d’un commun accord entre les Parties.
Ici, la France prend possession de l’armée sénégalaise sans faire confiance aux militaires. Donc le comité de suivi évidemment exclusivement créé au Sénégal mais co-présidé par deux militaires et deux civils pour ne pas dire deux responsables politiques.
• Article 8
Port de l’uniforme
Les membres du personnel de l’Etat d’origine peuvent revêtir l’uniforme et les insignes militaires de leur force conformément à la réglementation en vigueur dans leur armée, sauf lorsqu’ils participent pour une durée de plus de six mois aux activités mentionnées à l’article 4 (1, c).
Dans ce cas, ils revêtent l’uniforme et les insignes militaires de l’Etat d’accueil et se conforment aux règlements et directives en vigueur dans les forces de celui-ci.
Là, on est au sommet de la soumission volontaire, car comment accepter 6 mois d’organisation et conseil aux forces sénégalaises pour des actions mettant en œuvre des actions de formation et de soutien. Si le terrain concerné est forcément en Afrique, comment pouvons- nous comprendre que des français vienne nous conseiller. On ne voit nulle part parler d’instructeurs pour la bonne et simple raison que la France ne livre jamais des armes de dernière génération et en quantité aux pays d’Afrique de l’Ouest. Il est facile de savoir pourquoi.
J’ai choisi de mettre le curseur sur les parties du décret qui m’ont interpellé. Je vous fais donc noter que le commentaire n’est pas exhaustif. A propos des relations avec l’armée française, je viens d’apprendre qu’une attaque meurtrière de terroristes dans le nord du Bénin a fait au moins 35 morts. Nous présentons nos condoléances au peuple béninois. Cette attaque sauvage donne raison au premier ministre Ousmane Sonko en prouvant que la France n’a pas les moyens de protéger l’Afrique, le Bénin l’apprend à ses dépens. Au demeurant, la majorité des français exigent le départ du Président Macron, adepte du double standard. Dans sa sortie, il évoque mais ne parle pas de l’Afrique avant de se plonger dans une inversion accusatoire qui n’a pas produit l’effet escompté.
Au final, cherchez ce que gagne le Sénégal dans cette affaire.
Boucar DIOUF
Souverainiste panafricaniste pour un Etat-civilisation. buuks@yahoo.fr