Sécurisation des zones touristiques: Un enjeu stratégique pour l’économie sénégalaise

Quelques jours après le braquage spectaculaire survenu à l’hôtel Riu Baobab, l’un des fleurons de l’hôtellerie sénégalaise situé sur la Petite Côte, Doudou Gnagna Diop, président du conseil d’administration de la Société d’Aménagement et de Promotion des Côtes et Zones Touristiques du Sénégal (SAPCO), a livré une analyse lucide de la situation. Cet incident met en lumière des failles sécuritaires dans un secteur vital pour l’économie nationale, alors que le Sénégal aspire à devenir une destination phare en Afrique de l’Ouest* .

« Ce n’est pas une première », a rappelé Doudou Gnagna Diop, soulignant que des incidents similaires avaient déjà été signalés par le passé, notamment à Saly et à Somone. Cependant, il estime que cette attaque, qui intervient dans un contexte de relance post-crise, est un signal d’alarme pour les autorités et les acteurs du secteur. « Alors que le Sénégal déploie une nouvelle politique touristique et attire une forte demande d’investisseurs, il est impératif de veiller à la sécurité des infrastructures et des visiteurs », a-t-il déclaré.

La réaction des autorités, saluée par le président de la SAPCO, a permis de maîtriser rapidement la situation et d’appréhender les auteurs présumés. Cependant, il appelle à des mesures plus profondes et structurelles. « La sécurisation des zones touristiques ne peut se limiter à des interventions ponctuelles. Elle doit être intégrée dans une stratégie globale qui inclut non seulement les forces de sécurité, mais aussi les acteurs privés, notamment les hôtels. »

Doudou Gnagna Diop a insisté sur la nécessité pour les établissements hôteliers de renforcer leurs propres dispositifs de sécurité. « L’État ne peut assurer une présence permanente devant chaque hôtel. Les grandes destinations touristiques dans le monde, comme en Europe ou en Amérique du Nord, s’appuient sur des initiatives privées pour compléter l’action publique. »

Au-delà de la question sécuritaire, le président de la SAPCO a mis en exergue le défi de l’aménagement durable des zones touristiques. La saturation de la Petite Côte, avec une concentration d’hôtels à Saly et à Pointe-Sarène, exerce une pression sur les ressources et engendre des vulnérabilités. Il préconise une diversification géographique, en misant notamment sur la Grande Côte et d’autres régions du Sénégal encore sous-exploitées.

Sur le plan économique, l’impact d’un incident comme le braquage de l’hôtel Riu Baobab pourrait être significatif si des mesures immédiates ne sont pas prises. Le tourisme représente une part non négligeable du PIB sénégalais et constitue un levier clé pour attirer des devises et créer des emplois. Toutefois, les investisseurs et les visiteurs étrangers sont sensibles aux questions de sécurité.

Malgré les défis, Doudou Gnagna Diop se montre optimiste. « Le retour progressif des touristes témoigne de la confiance retrouvée en notre destination. Mais cette relance ne sera pérenne que si nous garantissons un environnement sécurisé et des infrastructures modernes. »

Alors que le président de la République et le ministre du Tourisme ont récemment insisté sur la nécessité de renforcer la police touristique et de sécuriser les espaces publics, il reste à traduire ces engagements en actes concrets. La sécurité, pilier de la relance touristique, est aujourd’hui un impératif stratégique pour préserver les acquis et consolider le rôle du tourisme dans la dynamique économique du Sénégal.
Anta Fofana Konaté (Correspondante)