Tourisme au Sénégal: L’urgence d’un modèle inclusif et équitable

Alors que le tourisme est présenté comme un levier essentiel de développement économique au Sénégal, force est de constater que ses retombées restent largement insuffisantes pour les populations locales. Ce paradoxe a été mis en lumière par Mamadou Ndiaye, président de l’Organisation Nationale pour l’Intégration du Tourisme Sénégalais (ONITS), lors d’une rencontre organisée au Pôle d’Intégration du Tourisme Sénégalais (PITS). En présence d’étudiants en tourisme, de professionnels du secteur et d’enseignants, il a plaidé pour une réforme en profondeur afin que le tourisme profite pleinement à l’économie nationale et ne demeure pas une enclave réservée aux grands groupes hôteliers.

Selon Mamadou Ndiaye, le paradoxe est frappant : malgré des infrastructures touristiques modernes, les Sénégalais ne perçoivent pas d’amélioration significative dans leur quotidien. L’essentiel des activités économiques liées au tourisme se concentre à l’intérieur des hôtels, limitant ainsi les opportunités pour les artisans, commerçants et autres acteurs locaux. Ce cloisonnement, estime-t-il, empêche une redistribution équitable des richesses et freine l’émergence d’un véritable écosystème touristique national.

Dans cette optique, il appelle à une rupture totale avec les pratiques du passé et prône une gestion du tourisme par ceux qui en font véritablement partie. Selon lui, ce sont les acteurs du terrain – entrepreneurs, guides, restaurateurs, artisans – qui sont les mieux placés pour impulser une dynamique vertueuse, permettant à chaque segment de la population de bénéficier de l’essor du secteur. Il se félicite de la vision du président de la République en matière de développement touristique, mais souligne que cette ambition ne pourra aboutir que si elle s’accompagne d’un changement structurel profond.

Mamadou Ndiaye insiste sur l’urgence d’une approche plus inclusive, où chaque acteur du secteur, du plus petit artisan au plus grand investisseur, trouve sa place et bénéficie des retombées du tourisme. Il se dit prêt à travailler avec tous les segments de l’économie pour mettre en place un modèle où le tourisme ne serait plus un simple moteur de croissance, mais un véritable levier de transformation sociale et économique.

Doudou Gnagna Diop, président du conseil d’administration (PCA) de la SAPCO et invité d’honneur de cette rencontre, partage cette vision. Selon lui, le PITS joue un rôle clé en offrant aux étudiants une opportunité concrète d’insertion professionnelle. Grâce à ce programme, les jeunes diplômés pourront bénéficier de stages pratiques de trois mois, leur permettant de se familiariser avec l’environnement touristique et hôtelier du Sénégal dès la fin de leurs études.

« Le tourisme doit être un moteur de développement économique, social et environnemental. Il concerne tout le monde, quel que soit le lieu où il se développe. Il doit être centré sur l’humain ainsi que sur la préservation du patrimoine naturel et culturel », affirme le PCA Doudou Gnagna Diop.

Son message est clair : le tourisme ne peut plus se limiter à des infrastructures destinées uniquement aux visiteurs étrangers. Il doit être pleinement intégré au tissu économique national et devenir un véritable facteur de prospérité partagée. Dans cette optique, le programme du PITS, qui offre des stages pratiques aux jeunes diplômés, incarne cette volonté d’inclusion. Mamadou Ndiaye exhorte ainsi les décideurs à s’engager dans une transformation structurelle profonde, afin que le tourisme sénégalais devienne un levier de développement durable, au service de toute la population.