MESURES URGENTES POUR L’EGALITE DES GENRES : Les solutions de Ndeye Léonie Ba pour briser les barrières

Au Sénégal, plus qu’ailleurs en Afrique, les dynamiques de développement sont intimement liées à l’engagement des femmes. Leur rôle transcende les secteurs, de l’économie informelle à l’entrepreneuriat, de l’agriculture à la politique, les positionnant comme des piliers du développement durable. Pourtant, malgré leurs contributions remarquables, elles continuent de faire face à des défis considérables qui limitent leur plein épanouissement.

Des Piliers du Développement Économique et Social

Les femmes sénégalaises ont toujours joué un rôle central dans la vie économique du pays. En effet, dans les zones rurales, par le biais des coopératives et des groupements de femmes, elles développent des modèles de production respectueux de l’environnement et favorisent une économie solidaire, essentielle au plein essor du tissu social du pays. Dans les milieux urbains, les femmes investissent massivement le secteur de l’entrepreneuriat, notamment dans le commerce et l’artisanat. Elles dirigent des PME florissantes, souvent issues de l’économie informelle, et stimulent la croissance du PIB national. Grâce à leur sens de l’innovation et à leur résilience, elles transforment des contraintes en opportunités, créant des emplois et favorisant l’inclusion financière.
Le rôle des femmes ne se limite pas à l’économie : elles sont également des actrices majeures du changement social. Dans les domaines de l’éducation et de la santé, elles s’engagent activement dans des associations locales pour promouvoir l’accès à l’éducation des jeunes filles et lutter contre les inégalités liées au genre. Elles sont aussi à l’avant-garde des initiatives environnementales, mettant en place des programmes de recyclage, de gestion des déchets et de reforestation, contribuant ainsi à la protection de l’environnement et à la lutte contre le changement climatique.

Les Défis sur le Chemin de l’Égalité

Malgré leurs contributions, les femmes sénégalaises se heurtent à des obstacles économiques (accès aux financements), sociaux (éducation, normes culturelles) et politiques (sous-représentation) qui freinent leur plein épanouissement. L’accès limité aux financements constitue l’un des défis les plus récurrents. Bien que les initiatives de microfinance aient permis d’améliorer leur inclusion financière, de nombreuses entrepreneuses peinent encore à obtenir des crédits bancaires conséquents pour développer leurs activités à grande échelle.

L’éducation reste également un enjeu crucial. Même si des avancées ont été réalisées en matière de scolarisation des filles, l’accès aux études supérieures et aux formations techniques reste encore insuffisant pour de nombreuses jeunes femmes, limitant ainsi leur accès à des emplois qualifiés et de leadership dans les sphères stratégiques.

Les barrières socioculturelles continuent aussi de peser sur l’autonomisation des femmes.
Le poids des traditions, notamment dans certaines communautés, limite leur accès à la propriété foncière, à l’héritage et à la prise de décisions au sein des foyers. De plus, les violences basées sur le genre demeurent une réalité préoccupante, nécessitant des réformes législatives plus strictes et un changement de mentalité à l’échelle nationale.

Un autre défi majeur souvent sous-estimé réside dans la structure démographique du pays et son impact sur la vie des femmes. La pyramide des âges au Sénégal révèle un déséquilibre entre l’âge moyen du mariage chez les femmes et celui des hommes. En moyenne, les femmes se marient beaucoup plus tôt que les hommes, ces derniers retardant leur union en raison de facteurs économiques et sociaux (recherche de stabilité financière, exigences culturelles, etc.). Ce décalage crée un déséquilibre frappant : à un moment donné, les femmes en âge de se marier sont cinq fois plus nombreuses que les hommes disponibles pour le mariage. Cette disparité génère plusieurs problématiques :
Un accroissement du célibat féminin involontaire ; de nombreuses femmes, une fois sorties de la tranche d’âge socialement valorisée pour le mariage, peinent à trouver un partenaire, ce qui peut avoir des répercussions sur leur statut social et économique.
Un renforcement des inégalités économiques et sociales : La pression sociale sur les femmes les pousse souvent à accepter des mariages précoces ou à dépendre économiquement de leurs conjoints, ce qui limite leur capacité d’émancipation.
Un développement du phénomène de polygamie ou de relations informelles : Face à ce déséquilibre, certaines femmes se retrouvent contraintes à des choix moins sécurisants, accentuant leur précarité et leur vulnérabilité.
Un impact sur la natalité et la structure familiale : Avec un grand nombre de femmes en âge de procréer sans partenaires stables, cela peut modifier les dynamiques familiales, augmenter le nombre de mères célibataires et poser des défis sociétaux en termes de prise en charge des enfants.

L’Urgence de Renforcer leur Pouvoir Politique

Si les femmes sénégalaises sont actives dans tous les secteurs du développement durable, leur participation politique reste en deçà de leur potentiel. Certes, la loi sur la parité a permis d’accroître la représentation des femmes dans les institutions politiques, notamment à l’Assemblée nationale. Cependant, cette avancée reste insuffisante, car elles sont encore peu nombreuses aux postes décisionnels stratégiques tels que les ministères clés ou les directions générales des entreprises publiques.
Renforcer leur pouvoir politique est une nécessité impérieuse pour garantir un développement véritablement inclusif et durable. Une plus grande représentation des femmes dans les hautes sphères de décision permettrait d’adopter des politiques publiques plus sensibles aux enjeux d’égalité des sexes, de justice sociale et de protection de l’environnement. De plus, la présence accrue des femmes en politique contribuerait à inspirer les générations futures et à déconstruire les stéréotypes qui entravent encore leur ascension.
Pour y parvenir, il est essentiel de mettre en place des mesures ambitieuses :

  • Encourager le leadership féminin dès le plus jeune âge à travers des programmes éducatifs et des formations en gouvernance ;
  • Renforcer l’accompagnement des femmes candidates aux élections, en leur offrant des formations en communication politique, en gestion de campagne et en réseautage ;
  • Promouvoir des réformes institutionnelles pour garantir une participation plus effective des femmes aux processus de prise de décision, au-delà des quotas de parité ;
  • Soutenir les mouvements féminins et les organisations qui œuvrent pour la défense des droits des femmes et l’égalité des sexes.
  • Préciser le législation sur la parité des bureaux des exécutifs locaux et du Parlement.
    En définitive, les femmes sénégalaises sont indéniablement des actrices majeures du développement durable, façonnant l’avenir du pays à travers leur engagement économique, social et environnemental. Cependant, leur pleine reconnaissance et leur autonomisation restent entravées par des défis structurels qui nécessitent des actions concrètes. Le renforcement de leur pouvoir politique apparaît comme une priorité pour garantir un Sénégal plus équitable et résilient.

Il ne s’agit pas seulement d’une question de justice sociale, mais d’une nécessité stratégique pour le développement du pays. Un Sénégal où les femmes occupent pleinement leur place dans la société, où elles disposent des moyens de concrétiser leurs ambitions et d’influencer les grandes décisions, sera un Sénégal plus prospère, plus stable et plus harmonieux. A mon avis, l’avenir du pays repose sur les femmes qui ne sont pas seulement des actrices du changement, elles en sont les architectes incontournables.

Ndeye Léonie Ba : entrepreneur – actrice de développement
Émail : leonie0511@hotmail.frère