Quand l’ambition dépasse le bon sens : Bienvenue au boulevard Barthimée de Thiès

Le lancement du projet du boulevard « Barthimée » a eu lieu en grande pompe le 6 décembre 2024 à Thiès, soit deux ans après son annonce. Une annonce sans études sérieuses, sans concertation, sans planification budgétaire claire, mais avec une ambition démesurée : celle de poser du goudron sur l’orgueil, plutôt que sur les vraies priorités des habitants* .

Le boulevard Barthimée : un chef-d’œuvre d’urbanisation… sur PowerPoint
À Thiès-Ouest, on ne fait pas dans la demi-mesure. Lorsque la réalité est difficile à affronter, on préfère l’embellir. Et quoi de mieux qu’un boulevard imaginaire, tout droit sorti d’un logiciel de maquette 3D, pour faire rêver les citoyens ?

Présenté sur le site officiel de la commune de Thiès-Ouest, le projet du boulevard « Barthimée » ressemble à un bijou… virtuel. Du béton parfaitement lisse, des trottoirs millimétrés, des palmiers impeccablement droits, aucun vendeur ambulant ni boutique anarchique : tout est idéal. Sauf qu’il ne s’agit là que d’un rêve de communication politique, totalement déconnecté des réalités du terrain.

La maquette en ligne illustre parfaitement une gouvernance fondée sur l’image. On y voit un boulevard moderne, 2×2 voies, verdoyant et structuré, bien loin des réalités topographiques du site, d’une emprise foncière non maîtrisée, sans étude technique préalable, et surtout sans prise en compte des habitations et des activités économiques existantes. Ce projet semble davantage destiné à soigner la communication politique en période préélectorale qu’à répondre aux besoins concrets des Thiessois.

Un projet digne de Dubaï, avec un budget de village
En 2024, avec un budget communal de 849 millions de FCFA, déjà insuffisant pour les urgences liées à l’éducation, à la santé, à l’assainissement et à la voirie, il était irréaliste de se lancer dans un tel projet. Aucune ligne budgétaire ne mentionne ce boulevard, aucun appel d’offres public n’a été publié, aucun partenaire technique ou financier n’a été identifié. Alors, d’où viendrait le financement ?

L’opacité autour de ce projet soulève des inquiétudes. Aucune étude de faisabilité technique sérieuse, des modifications budgétaires de dernière minute, un manque de planification… tout cela décrédibilise le projet aux yeux des citoyens et des partenaires potentiels.

Le choix de démarrer avec du pavage au lieu du goudron, pour des raisons budgétaires, témoigne d’un manque de vision à long terme. Cette solution provisoire risque de coûter plus cher à moyen terme, sans garantir une réelle amélioration du cadre de vie.

Le boulevard « Barthimée » : une voie express vers le siège du PUR
Autre coïncidence troublante : le tracé du boulevard passe juste devant le siège du PUR. En pleine période préélectorale, difficile de ne pas y voir une opération de marketing politique. Tandis que les populations attendent des réponses concrètes à leurs besoins quotidiens, certains semblent pressés de dérouler le tapis… ou plutôt le pavé, devant leur façade politique.

Ce boulevard flamboyant, avec ses larges trottoirs, devient ainsi une carte postale électorale, une vitrine qui sert davantage une ambition partisane qu’un projet d’intérêt public.

De la promesse des 2×2 voies goudronnées… au pavage de fortune
Présenté à la population comme une grande route moderne, à deux voies goudronnées, symbole de développement, le projet se résume aujourd’hui à des pavés. Moins coûteux, moins durables, peu adaptés à la circulation automobile intense, souvent mal posés et fragiles face à l’hivernage.

Ce recul soulève des interrogations : manque de moyens, mauvaise planification, abandon des ambitions initiales ? Ou pire encore, un renoncement pur et simple aux aspirations légitimes des populations.

Le pavage, bien qu’utile dans certains cas, ne remplace pas une route moderne et bitumée. Sur le plan symbolique, il représente un choix minimaliste là où il fallait viser l’excellence.

Un site vulnérable et des travaux menacés par l’hivernage
Le projet devait durer neuf mois. Mais sur un site connu pour être une zone inondable, les travaux avancent lentement, avec déjà plusieurs réajustements. Et l’hivernage approche…

Sans dispositif de drainage adapté, sans plan d’évacuation des eaux, le projet risque d’être freiné, voire endommagé dès les premières pluies. Les ouvriers seront confrontés à des conditions de travail pénibles, les engins bloqués, les matériaux dégradés. Et les riverains, eux, risquent de revivre l’angoisse des inondations.

Mais Thiès n’a pas dit son dernier mot. La ville peut encore se relever, à condition de confier son avenir à des hommes et femmes engagés, compétents, proches des réalités locales, et porteurs d’une vraie vision.

« Thiès d’Abord » est cette alternative. Nous croyons à la possibilité de doter notre ville d’infrastructures modernes, conçues avec sérieux, pensées pour durer et répondre aux vrais besoins de la population.

Agir local, impacter global !
Maître Habib Vitin
Président du Mouvement Thiès d’Abord