L’Alliance des Forces de Progrès (AFP) a tenu son 3e congrès ordinaire ce samedi à Dakar. Une étape historique marquée par la transmission du flambeau entre deux générations. Mbaye Dione a été élu à la tête du parti, succédant à l’illustre Moustapha Niass, fondateur de l’AFP, homme d’État respecté, et figure majeure du socialisme sénégalais.
Devant un auditoire composé de militants, de responsables politiques et d’invités de marque, le nouveau secrétaire général a prononcé un discours long, dense, et profondément structuré, alliant hommage, critique et vision.
C’est un ton grave, emprunt de respect et de gratitude, que Mbaye Dione a adopté dès les premières lignes de son allocution : « Le président Moustapha Niasse reste l’épine dorsale et le point névralgique de notre tour de contrôle. » En saluant « l’homme d’État, le militant infatigable, le pionnier de la République », il a reconnu en Niasse un mentor dont l’héritage politique reste un socle pour l’avenir du parti.
Ce passage de témoin, loin d’un simple acte administratif, consacre un style : celui d’une succession apaisée, sans hérédité biologique ni logique de clan. Une rareté dans le paysage politique sénégalais, que Mbaye Dione n’a pas manqué de souligner avec fierté.
Mais l’heure n’était pas seulement à la célébration. Mbaye Dione a dressé un tableau préoccupant de la conjoncture nationale. À ses yeux, les promesses de rupture du régime issu des urnes en mars 2024 ont laissé place à « la désillusion, l’improvisation, et la régression démocratique ».
Il fustige un pouvoir « populiste, fébrile et autoritaire », qui selon lui, « louvoie entre incertitudes économiques et logiques de vengeance politique ». Le chômage endémique, la dette publique en hausse, les restrictions des libertés, les licenciements dans la fonction publique : autant de signaux d’alarme qui, selon lui, appellent à une mobilisation nationale.
Dans un plaidoyer passionné, Mbaye Dione a réaffirmé la mission historique de l’AFP : être une force de propositions et de résistance, fidèle à ses valeurs de justice sociale, de solidarité et de démocratie. Il a lancé un appel clair aux journalistes, aux paysans, aux jeunes, aux travailleurs de l’économie informelle : « L’AFP reste et restera un parti de masse, ancré dans le réel, porteur de solutions endogènes. »
Loin de se replier sur une posture d’opposition systématique, il propose un projet de « refondation politique », reposant sur la collégialité, la démocratie interne, et l’écoute des bases. Le chantier prioritaire : la révision des textes fondateurs du parti pour mieux l’adapter aux mutations du monde contemporain.
Mbaye Dione n’a pas limité son propos aux frontières sénégalaises. Il a exprimé une solidarité appuyée aux peuples du Sahel, appelant à la poursuite du dialogue entre les États de la région, malgré les tensions politiques. Il a également mis en garde contre les fractures sociales, les dérives identitaires et les illusions technologiques mal maîtrisées.
À la jeunesse sénégalaise, souvent désabusée et tentée par l’exil, il adresse un message de confiance et de responsabilité : « Notre génération doit préparer la vôtre à affronter la révolution numérique, l’intelligence artificielle, la guerre des données… sans jamais renier nos valeurs de Diom, Ngor et Maandu. »
Ce congrès, à bien des égards, marque un tournant pour l’AFP. En héritant d’un quart de siècle d’histoire politique, Mbaye Dione ne se contente pas de gérer un legs : il trace une perspective. Celle d’un parti plus ouvert, plus ancré dans les réalités sociales, et prêt à assumer à nouveau des responsabilités gouvernementales.
La route est encore longue, les défis nombreux. Mais le message est clair : l’AFP se veut désormais à la fois gardienne des principes démocratiques et porteuse d’un nouvel espoir politique, dans un Sénégal en quête de repères et de justice.
« Le monde comme patrie, l’humanité comme nation », a-t-il conclu, citant Victor Hugo.
Une manière de rappeler que le combat du progrès commence ici, mais ne connaît pas de frontières.
PMF