Dans une conférence de presse empreinte d’émotion et de détermination, l’opérateur économique Bocar Samba Dieye a une nouvelle fois interpellé les autorités sur la non-application des décisions de justice qui lui sont favorables, dans l’affaire qui l’oppose à la Compagnie bancaire de l’Afrique occidentale (CBAO). Au cœur de ce contentieux, une somme colossale de 11 milliards 500 millions de francs CFA, que la banque serait tenue de lui restituer selon les conclusions judiciaires.
Lors d’une conférence de presse tenue hier, le président de l’Association des commerçants et sociétés d’investissement financiers (Acsif), Famara Ibrahima Cissé est largement revenu sur ce contentieux. Ce dernier a tenu à remercier les nombreux soutiens qui ont répondu présents avant de retracer les contours d’un dossier vieux de 17 ans, débuté en 2008, et dont l’issue semble toujours incertaine.
« Toutes les expertises judiciaires sérieuses ont confirmé que la CBAO doit de l’argent à M. Dieye », a déclaré M. Cissé. Il a rappelé que le premier rapport d’expertise, pourtant favorable à M. Dieye, avait été annulé à la demande de la CBAO, mais qu’un second rapport, toujours valide, avait confirmé la créance. « Ce document reste la seule pièce objective validée par la justice, et il confirme la dette de la banque », a-t-il insisté, dénonçant l’absence de tout document valable venant de la CBAO pour contredire ces faits.
Plus choquant encore, selon monsieur Cisse, une saisie a été opérée sur les biens de M. Dieye, notamment sur la maison familiale qu’il occupe depuis 1958, sur la base d’une traite jugée falsifiée et annulée par la justice. « Cette maison, c’est plus qu’un toit. C’est un symbole, le fruit du labeur d’un homme qui a servi son pays en important des denrées de base comme le riz et le maïs », a déploré le président de l’Acsif.
Tout au long de la conférence, l’indignation a dominé les interventions. Les orateurs ont souligné le silence assourdissant des institutions judiciaires malgré les jugements rendus en faveur de M. Dieye. « Aucun jugement n’a condamné Bocar Samba Dieye. Bien au contraire, il a toujours obtenu gain de cause. Mais la justice ne va pas au bout de ses propres décisions », a regretté Famara Ibrahima Cissé.
La passivité des autorités judiciaires a été pointée du doigt, tout comme l’impunité dont aurait bénéficié la CBAO grâce à de puissants appuis aujourd’hui disparus. « Ces protections n’existent plus. Il est temps que l’État prenne ses responsabilités », a-t-il martelé.
Aujourd’hui âgé de plus de 92 ans, Bocar Samba Dieye continue de se battre, malgré l’âge et les épreuves. Son combat n’a qu’un seul but : faire respecter les décisions de justice. « Il ne réclame ni faveur ni privilège. Il demande juste que justice soit rendue », a conclu son porte-parole.
L’affaire soulève de sérieuses interrogations sur l’efficacité, l’indépendance et l’intégrité du système judiciaire sénégalais. Alors que les preuves s’accumulent en faveur de M. Dieye, l’inexécution des décisions rendues jette un voile d’inquiétude sur l’état de droit. À l’heure où la transparence et la reddition des comptes sont des exigences citoyennes incontournables, il devient urgent que les autorités sénégalaises fassent respecter les verdicts de justice – pour Bocar Samba Dieye, et pour tous les justiciables.
Par SADIO FAT