Lors d’un point de presse organisé hier à Mbour, Cheikh Issa Sall, ancien magistrat de la Cour des Comptes et tête de liste de la coalition UNITE, a pris la parole pour dénoncer ce qu’il qualifie de dérives autoritaires du régime en place. Cette sortie intervient après un incident survenu à la frontière nord du Sénégal, alors qu’il tentait de se rendre en Mauritanie pour se recueillir auprès de son guide religieux* .
Selon lui, cette expérience met en lumière un climat politique de plus en plus restrictif.
Cheikh Issa Sall raconte qu’il a été bloqué pendant plusieurs heures par les autorités sénégalaises à la frontière, sous prétexte d’attendre des instructions de leur hiérarchie. Il souligne que ce retard n’était pas justifié, et qu’il a finalement décidé de rebrousser chemin après avoir constaté que les agents n’avaient pas reçu d’ordre clair. Ce qu’il perçoit comme une tentative d’intimidation lui fait dire que le droit fondamental à la liberté de circulation est aujourd’hui menacé, en particulier lorsque ces déplacements sont liés à des pratiques religieuses.
Dans une déclaration empreinte de gravité, le premier magistrat de la commune de Mbour a critiqué le système actuel de gestion des informations, pointant du doigt le fait que les médias avaient été informés de la situation avant même que lui, principal concerné, ne le soit. Pour lui, cela soulève de sérieuses interrogations sur l’organisation des instances de commandement du pays et sur la qualité de la sécurité dans la transmission des informations sensibles.
L’ancien magistrat ne s’est pas arrêté à ce seul fait divers. Il a profité de cette tribune pour annoncer officiellement la création d’un nouveau parti politique, l’Union Nationale pour l’Intégration, le Travail et l’Équité (UNITE). Selon ses dires, ce parti vise à répondre aux attentes des Sénégalais en proposant un modèle politique fondé sur la justice sociale, l’équité et le travail. Il a affirmé qu’UNITE se présentera aux élections législatives anticipées prévues le 17 novembre 2024 avec l’objectif de s’imposer comme une alternative crédible sur la scène politique nationale.
Par ailleurs, Cheikh Issa Sall n’a pas manqué de critiquer la gestion de l’Assemblée nationale par le régime actuel. Il a dénoncé ce qu’il qualifie de « jeu de yo-yo » avec la dissolution de l’Assemblée et la fixation de délais très courts pour la tenue des élections législatives. Il a également pointé du doigt les tentatives de réduire le nombre de listes en compétition ainsi que les manœuvres visant à écarter certains candidats potentiels. Pour lui, ces actions sont révélatrices d’une stratégie visant à manipuler le processus démocratique au profit du pouvoir en place.
Sur le plan économique, le maire de Mbour a aussi évoqué la précarité croissante des Sénégalais, appelant à une action rapide pour réduire le coût de la vie, en particulier en ce qui concerne les produits de première nécessité. Selon lui, la population attend du gouvernement des mesures concrètes pour alléger le poids économique qui pèse sur les ménages.
Enfin, il a insisté sur l’importance de préserver la séparation des pouvoirs dans une démocratie fonctionnelle. Il a notamment appelé à redonner à la justice toute son indépendance afin de garantir la sécurité juridique et l’équilibre social. D’après lui, la prochaine législature devra se composer de responsables suffisamment matures pour corriger les dysfonctionnements actuels et remettre le pays sur la voie de la stabilité et du progrès.
Anta Fofana Konaté (Correspondante)