Dans un discours percutant prononcé ce samedi, Cheikh Abdou Mbacké Dolly a affirmé sa rupture avec Ousmane Sonko et le parti Pastef, marquant un tournant notable dans le paysage politique sénégalais. Ancien soutien du régime de Diomaye, Cheikh Dolly a exprimé des désaccords profonds avec des positions qu’il considère inacceptables, notamment celles émanant du gouvernement actuel.
L’une des déclarations les plus controversées est celle de Cheikh Omar Diagne, ministre conseiller à la présidence, qui a suggéré que les écrits de Cheikh Ahmadou Bamba, figure emblématique de la confrérie Mouride, devraient être « revus et réécrits ». Cheikh Dolly a qualifié cette idée de « blasphématoire », réaffirmant que l’héritage spirituel ne doit jamais être remis en question. Pour lui, la réponse adéquate du gouvernement aurait dû être de révoquer le ministre.
Cheikh Dolly a également critiqué Cheikh Tidiane Dièye, ministre de l’Eau et de l’Assainissement, pour avoir minimisé les dégâts causés par les récentes inondations. Son commentaire sur la responsabilité des régimes précédents a suscité l’indignation de Dolly, qui a souligné l’absence de leadership dans la gestion des crises.
La ville sainte de Touba, selon lui, traverse une période difficile, souffrant d’un manque de soutien pour sa jeunesse et d’infrastructures dégradées. Il a comparé la situation de Touba à celle de Ziguinchor, où des investissements massifs ont été alloués pour des crises locales, questionnant ainsi les priorités de l’État.
Malgré sa rupture avec Pastef, Cheikh Abdou Mbacké Dolly n’a pas totalement fermé la porte à Ousmane Sonko. Il a cependant posé des conditions claires pour un éventuel soutien futur : la destitution de Cheikh Omar Diagne, l’abrogation de la loi d’amnistie, et la criminalisation de l’homosexualité. Ces demandes reflètent une volonté de voir la politique répondre aux valeurs religieuses et sociales du pays.
Ce discours ne représente pas seulement une prise de position personnelle, mais également un message fort aux acteurs politiques du Sénégal : sans réformes fondamentales, le soutien ne pourra être accordé. Alors que les législatives de 2024 approchent, la ligne de fracture entre respect des traditions et exigences de modernité sera cruciale. L’avenir politique du Sénégal pourrait se dessiner autour de cette confrontation essentielle.