Depuis sa création en 2014, le PASTEF s’est distingué par l’originalité de son discours. Tout son argumentaire a été bâti autour du combat contre le système en place depuis les indépendances. C’est donc une remise en cause de l’establishment et de l’élite politico-intellectuelle qui a pris le relais des mains des colons.
Pourtant cette position ne manque pas de pertinence tant les dégâts sont nombreux depuis la proclamation de la souveraineté internationale du Sénégal. La crise de 1962 –fausse crise- diraient certains historiens, a été un prétexte pour s’aligner dans la ligne de l’ancienne métropole. Les crises économiques n’ont pas aussi épargné le pays jusqu’au départ du président Diouf dont les années de règneont été marquées par l’ajustement structurel. L’avènement de l’alternance en 2000 puis en 2012 n’a pas aussi produit les résultats escomptés. Au total, la gouvernance des régimes successifs est marquée par le statu quo sinon par un recul.
C’est surement à cause de ces manquements que le PASTEF, après une analyse approfondie de la situation du pays, a théorisé la RUPTURE SYSTEMIQUE.
C’est donc avec un grand espoir que le peuple Sénégalais attendait la mise en œuvre de nouvelles politiques capables de sortir le pays du gouffre dans lequel les politiciens professionnels l’ont mis.
Cependant, après seulement sept mois, les Sénégalais sont restés pantois. Toutes les promesses sont rangées aux oubliettes. On note une absence de repères et de cap. Le projet tant chanté n’est qu’un chapelet de vœux pieux destinés à faire rêver les futurs Sénégalais qui vivront en 2050. C’est donc un projet pour le futur lointain alors que les citoyens de mon âge peinent à nourrir leurs familles.
Le Premier ministre Ousmane SONKO sur qui nous fondions beaucoup d’espoir du fait de son discours et de ses positions a déçu les populations. Il tient un discours autoritaire et se comporte comme undictateur. Après avoir dénoncé la transhumance dans le passé, il est en train de recruter des membres de l’ancien système par un appel solennel lancé à Kolda. Autant dire qu’il veut faire du neuf avec du vieux en favorisant la transhumance. Et comme disait le vénéré Serigne Abdoul Ahad Mbacké (RTA) « Si les propos d’un homme ne sont pas conformes avec ses actes, cet homme n’est pas un homme de foi ».
En vérité, les actes posés par les tenants du nouveau pouvoir inquiètent nos compatriotes. Le train de vie de l’État est devenu plus dispendieux, les menaces qui pèsent sur la cohésion nationale plus graves. Rien ne présage d’un décollageéconomique. Les alternances se suivent et se ressemblent. Il n’y a pas de changement véritable sinon un remplacement à la tête des structures publiques. « Ôtes toi de là que je m’y mette » tel est leur credo. Des pastéfiens avides de pouvoir remplacent des apéristes véreux. Un cercle vicieux infernal se constitue progressivement.
La déception étant grande, il faut un retour à la case départ. Comme disent les wolofs « si on ne sait pas là où on va, on retourne là d’où on vient ». Parce que le régime antérieur avec ses errements semble de loin être meilleur que celui de Pastef.
A bon entendeur…
El hadj Amadou Lamine FALL
Enseignant à la retraite
Foundiougne