THIERNO BOCOUM: « Alerte Sénégal : l’État policier s’installe »

Je me suis rendu cet après-midi à la mairie de Dakar pour constater de visu la violation indécente de la démocratie et de l’Etat de droit. 
  
Les citoyens sénégalais sont interdits d’accès au sein de l’institution centrale de la ville de Dakar. Les forces de sécurité occupent l’intérieur de ce cœur administratif et politique à la place des conseillers municipaux et des agents administratifs. 
  
L’État policier s’installe au Sénégal.   
  
Au moment où nous écrivons ces lignes, aucune  mesure administrative n’a été prise contre Barthelemy Dias touchant son statut de maire de la ville de Dakar. 
  
Le fait de le déclarer injustement démissionnaire de son poste de conseiller municipal ne crée aucun lien de causalité avec son poste de maire. Tout le débat sur l’illégalité de cet acte ne saurait compromettre son statut de maire. 
  
Aussi bien le code général des collectivités territoriales que le code électoral donnent un statut au maire différent du statut du conseiller municipal. 
  
Le maire de ville est élu au suffrage universel direct (art 92 nouveau de la loi 2021-38 du 3 décembre 2021 portant code général des Collectivités territoriales qui a  modifié la loi 2013-10 du 28 decembre 2013, art 294 du code électoral). 
Il a des attributions spécifiques à son statut de maire (art 92 nouveau, art 171 et suivants du code général des collectivités territoriales.) 
  
Il y a une concomitance en ce qui concerne l’élection du maire et de celui de conseiller municipal. 
  
L’une n’engendre pas l’autre. Elles découlent toutes du suffrage universel direct. 
  
Le conseiller est élu en même temps que le maire.  Et ce dernier est élu en tant que candidat et non en tant que conseiller municipal. 
  
C’est l’ancienne formule d’élection du maire qui établissait un lien entre le maire et les conseillers municipaux puisque ce dernier était élu en tant que conseiller municipal par ses pairs. 
Aujourd’hui le maire est directement élu. Il ne peut donc être révoqué sur la base d’un lien  de causalité avec son statut de conseiller municipal auquel il serait injustement démissionnaire. 
Aucune mesure n’a été prise contre Barthelemy Dias dans son statut de maire de la ville de Dakar mais la police s’oppose à ce qu’il joue son rôle d’élu, à la tête de la ville de Dakar au suffrage universel direct. 
C’est inacceptable ! 
Nous appelons les forces vives de la nation éprises de justice à réagir face à cette forfaiture et ce rouleau compresseur qui cherche, honteusement, à écraser l’État de droit et la démocratie dans notre pays. 
  
Thierno Bocoum 
Président AGIR