GESTION DES RISQUES INDUSTRIELS : L’UE et le Sénégal unis pour prévenir les catastrophes industrielles grace au projet SAFETIC-CBRN

À l’heure où les enjeux liés aux matières dangereuses deviennent cruciaux dans un contexte de développement industriel accéléré, le Sénégal franchit une nouvelle étape dans la gestion des risques chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires (CBRN). Un colloque national s’est tenu ce mardi à Dakar dans le cadre du projet SAFETIC-CBRN, un programme soutenu par l’Union européenne et mis en œuvre par Expertise France.

Organisé autour de la sécurité des installations chimiques à haut risque et du transport de marchandises dangereuses, l’événement a rassemblé des experts, des autorités nationales, des partenaires internationaux et des représentants du secteur privé.

Représentant le ministre de l’Environnement et de la Transition écologique, le Colonel Papa Assane Ndiour a rappelé les progrès réalisés par le Sénégal depuis son adhésion à l’initiative européenne des Centres d’excellence CBRN. Le pays s’est engagé dans une dynamique proactive : renforcement des capacités institutionnelles, dotation en équipements spécialisés, formations à l’international (notamment au Maroc et en France).

« Ce projet est essentiel pour renforcer notre résilience face aux risques industriels. Il permet de structurer un cadre légal efficace, de doter les acteurs d’outils techniques performants, et surtout, de coordonner nos efforts de prévention », a déclaré le Colonel Ndiour.

La croissance de l’activité industrielle et l’exploitation des ressources pétrolières et gazières accentuent l’utilisation de substances potentiellement dangereuses. Le souvenir tragique de l’explosion à la SONACOS en 1992 rappelle combien la vigilance et la préparation sont cruciales.

Christophe Casas, attaché régional de réponse aux crises en Afrique de l’Ouest, a salué l’engagement constant du Sénégal. Au nom de l’Union européenne, il a souligné que le projet SAFETIC permet de sécuriser l’ensemble de la chaîne de gestion des produits chimiques : production, stockage, transport.

« Les risques CBRN ne connaissent pas de frontières. Le partenariat entre l’Union européenne et le Sénégal est un modèle de coopération pour renforcer la sécurité collective », a-t-il affirmé. Il a également cité des exemples d’incidents récents sur le continent (explosion à Conakry, pollution au cyanure en Côte d’Ivoire, rejets industriels au Sénégal) comme autant d’alertes à prendre au sérieux.

Il a félicité Mme Ramatoulaye Diop, point focal national CBRN, pour son rôle central dans l’élaboration et l’adoption du plan d’action national, validé en 2022. Il a également encouragé l’adoption prochaine de la loi sur le transport de matières dangereuses, ainsi que l’institutionnalisation de l’équipe nationale d’experts.

Les interventions ont aussi mis en lumière la contribution des entreprises sénégalaises, telles que les Industries Chimiques du Sénégal (ICS) et la Société Africaine de Raffinage (SAR), partenaires clés dans la promotion des bonnes pratiques de sécurité.

Un exercice de simulation grandeur nature, prévu ce 16 avril dans la zone industrielle de Mbao, testera la réactivité du pays face à une situation d’urgence chimique, dans le cadre du Plan Particulier d’Intervention (PPI).

Ce colloque marque un tournant décisif dans l’approche sénégalaise de la sécurité industrielle. Il offre une plateforme d’échange et de coordination entre institutions, experts, industriels et partenaires techniques, pour mieux anticiper, prévenir et répondre aux risques.