Ce mercredi 23 avril, le Centre de Sauvegarde de Pikine-Guédiawaye a été le théâtre d’un échange intergénérationnel fort et inspirant. À l’initiative du Projet d’Appui à la Stratégie Nationale pour l’Équité et l’Égalité de Genre (PASNEEG II), en collaboration avec la Direction Générale de la Protection Judiciaire et Sociale (DGPJS), cette rencontre a rassemblé jeunes, adultes, éducateurs, autorités locales et acteurs communautaires autour d’un sujet crucial : les violences basées sur le genre (VBG).
Dans un contexte national où près d’une femme sur trois déclare avoir subi des violences au cours des 12 derniers mois (ENR-VFFS 2023), l’urgence d’ouvrir la parole et d’impliquer toutes les générations se fait sentir. Cette session, portée par le PASNEEG II, s’inscrit dans une dynamique de changement structurel et culturel, en phase avec l’Objectif de Développement Durable n°5 et les orientations du Plan Sénégal Émergent (PSE).
Les discussions ont permis de mettre en lumière des formes de violences encore trop souvent passées sous silence : violences domestiques, agressions sexuelles, cyberharcèlement, micro-agressions… Les jeunes, particulièrement les filles, se sont exprimés sans détour, dénonçant les abus et proposant des pistes de solutions, souvent inspirées des valeurs traditionnelles locales.
Pour Oumar Ndiaye, inspecteur de l’éducation surveillée à la Cour d’appel de Dakar, cette démarche est porteuse d’espoir : « Voir les enfants s’exprimer, proposer des solutions, c’est déjà un signe de changement. La jeunesse est le moteur du progrès, mais ce changement ne se fera jamais sans les femmes. »
La sociologue Fatou Diop-Sall a rappelé que les violences de genre s’inscrivent dans un système d’inégalités profondément ancrées, nourries par des normes patriarcales persistantes. Ces violences, qu’elles soient physiques, psychologiques ou numériques, nuisent gravement à la santé mentale et à l’avenir des jeunes, en particulier des filles.
Le cyberharcèlement, en forte progression, a été l’un des points chauds du débat. « L’État agit, mais le monde numérique échappe encore à beaucoup d’adultes. Il faut renforcer l’éducation à l’usage des réseaux, miser sur la prévention et faire appel à toutes les forces vives de la société, » a insisté Landingue Diatta, adjoint au sous-préfet de Sam Notaire.
Au-delà des échanges, le PASNEEG II ambitionne une transformation durable des comportements en misant sur les ressources internes aux communautés, en responsabilisant les acteurs locaux et en donnant une place centrale aux jeunes et aux femmes.
Malgré un cadre légal bien établi, les violences persistent, notamment dans la sphère familiale. Cette initiative, soutenue par le Gouvernement italien, marque donc une avancée importante vers des solutions inclusives, participatives et intergénérationnelles pour lutter efficacement contre les VBG.