Avant que nos familles ne sombrent dans la rue, lisez notre agonie …
Dakar, le 25 avril 2025
Monsieur le Président,
Alors que vous ouvriez ce 24 avril 2025 la 4e Conférence sociale sur l’Emploi et l’Employabilité en déclarant vouloir faire de « l’employabilité un levier de dignité, de justice sociale et de transformation durable », des milliers de travailleurs licenciés arbitrairement pleurent leur emploi, leur dignité, et l’avenir de leurs enfants.
Un paradoxe insupportable
Comment croire en ces belles paroles quand, dans le même temps :
- Plus de 30 000 salariés sont jetés à la rue sans respect des procédures légales.
- Des pères et mères de famille survivent sans salaire depuis plusieurs mois.
- Des enfants sont retirés des écoles par manque de moyens. – Des familles entières sombrent dans la détresse la plus absolue.
Parmi eux :
- 800 agents du Port de Dakar, pourtant essentiels à l’économie nationale.
- 1 300 agents de la Couverture Maladie Universelle (CMU), licenciés malgré des années de loyaux services.
- 600 agents de l’Université de Thiès, laissés sans revenus.
- 26 000 travailleurs du Fonds d’Entretien Routier Autonome (FERA), abandonnés à leur sort.
- Á ceux-là s’ajoute la longue liste des travailleurs licenciés à Dakar Dem Dikk, à la LONASE, à AIBD, à la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), à la Poste, au Grand Théâtre National Doudou Ndiaye Coumba Rose, au Ministère du Transport, au Commissariat de la Sécurité Alimentaire, à SAF Industries … qui ne savent plus où donner de la tête.
Une torture morale quotidienne
Ces femmes et ces hommes, dont certains ont servi l’État pendant des décennies, vivent aujourd’hui :
- L’humiliation de ne plus pouvoir nourrir leurs enfants.
- L’angoisse des loyers impayés et des expulsions imminentes. – Le désespoir de voir leurs compétences gaspillées.
Monsieur le Président, ce n’est pas ainsi que l’on bâtit « une transformation durable ».
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Nos questions brûlantes
- Pourquoi l’État indemnise-t-il des victimes de violences liées à des manifestations politiques entre 2021 et 2024 (5 milliards FCFA) sans aucune base juridique, mais ignoret-il ses propres travailleurs ?
- Où est la « justice sociale » quand l’Inspection du Travail et le Tribunal du Travail reconnaissent des licenciements abusifs… sans aucune suite ?
- Comment parler « d’employabilité » à des gens qu’on prive volontairement de leur emploi ?
Son Excellence Monsieur Bassirou Diomaye Diakhar FAYE, cette lettre aurait pu ne jamais être écrite… si seulement l’État avait écouté les pleurs des enfants déscolarisés à cause des licenciements de leurs parents. Aujourd’hui, nous vous envoyons ces mots comme on lance une bouteille à la mer avant de couler. Lisez. Agissez. Ou assumez de nous avoir brisés.
Nos exigences immédiates
Un plan d’urgence pour :
- La réintégration ou l’indemnisation intégrale de tous les licenciés abusifs.
- La création d’un fonds spécial pour les familles en détresse.
Des sanctions contre les entreprises et administrations coupables. Une rencontre d’urgence avec les représentants des licenciés.
Un ultimatum solennel
Si aucune réponse concrète n’intervient d’ici le 1er Mai 2025, nous :
- Ferons du 1er Mai « une journée du chômage et de la ‘’chômagibilité’’ ».
- Saisirons toutes les ambassades et organisations internationales (OIT, ONU, UA). – Demanderons l’asile politique pour ces travailleurs persécutés dans leur propre pays.
Monsieur le Président, vous avez le pouvoir d’empêcher cette tragédie. La dignité des travailleurs ne se négocie pas.
Avec l’espoir douloureux d’être entendu,
M. Boubacar FALL,
Coordonnateur du Rassemblement des Travailleurs Licenciés du Sénégal
Copie à :
- Toutes les ambassades accréditées au Sénégal
- OIT, HCDH, UA, CEDEAO
- Presse nationale et internationale
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