Depuis l’élection de Bassirou Diomaye Faye à la tête du Sénégal, le pays semble amorcer un virage décisif en matière de gouvernance judiciaire. Le mot d’ordre : indépendance. Un mot longtemps galvaudé, mais qui, aujourd’hui, semble reprendre tout son sens.
Parmi les signes les plus évidents de ce changement, figure la récente décision du Conseil constitutionnel, rendue publique le mercredi 23 avril, sur la loi interprétative de l’amnistie. Une décision hautement symbolique qui intervient dans un contexte de renouveau politique, et qui traduit une volonté manifeste de rompre avec les pratiques du passé où l’exécutif influençait souvent les décisions judiciaires.
Cette dynamique nouvelle est en grande partie portée par le ministre de la Justice, Ousmane Diagne. Magistrat de carrière, respecté pour son intégrité et sa rigueur, il incarne le profil du technocrate discret mais efficace. Sous son impulsion, le ministère de la Justice semble renouer avec ses fondamentaux : garantir l’État de droit, protéger les libertés et assurer un fonctionnement équitable de la justice. Son rôle est d’autant plus crucial qu’il intervient dans une phase de transition politique, où la légitimité des institutions est scrutée à la loupe, tant au niveau national qu’international.
Le climat actuel donne également aux magistrats une marge de manœuvre inédite. Ces derniers semblent aujourd’hui exercer leur fonction avec une liberté retrouvée, loin des pressions partisanes qui ont longtemps pesé sur l’appareil judiciaire. Plusieurs observateurs notent une meilleure réactivité des juridictions, une rigueur renforcée dans les procédures et une transparence accrue dans les décisions.
Ce retour en force de l’État de droit illustre une rupture notoire dans la gouvernance. Le tandem Diomaye Faye – Ousmane Sonko, porté au pouvoir sur la promesse de réformes profondes, semble donner corps à ses engagements. La justice, longtemps perçue comme un instrument de pouvoir, commence à apparaître comme un véritable pilier républicain.
Cependant, la route vers une justice pleinement indépendante reste semée d’embûches. L’indépendance ne se décrète pas, elle se construit. Elle exige des réformes structurelles, une refonte des institutions judiciaires, mais aussi un changement de mentalités, aussi bien chez les justiciables que chez les décideurs.
Quoi qu’il en soit, les premiers signaux sont encourageants. Et s’ils se confirment dans la durée, ils pourraient bien inaugurer une ère nouvelle pour la justice sénégalaise celle d’un pouvoir judiciaire enfin affranchi des tutelles et pleinement au service du peuple.
PMF