Tamou Fishing International au bord du gouffre judiciaire: L’appel désespéré de 15 000 familles

A Diamniadio, l’alerte est lancée : Tamou Fishing International, fleuron de l’industrie halieutique sénégalaise, est au bord du précipice.
Le 30 avril, veille de la Fête du Travail, les employés de l’entreprise ont brisé le silence. Ouvriers, retraités devenus gérants, femmes de chaîne, chauffeurs, nettoyeurs… tous ont exprimé un même cri de détresse à travers une déclaration solennelle. Une voix tremblante d’angoisse, mais portée par une fierté indomptable : « Nous sommes les bras, les voix et les cœurs d’une entreprise qui nourrit nos familles. Ce que nous demandons, c’est de pouvoir continuer à travailler dignement. »
Née d’un audacieux investissement privé, cette entreprise pionnière se retrouve aujourd’hui sous la menace d’une procédure judiciaire qui pourrait sceller son sort. A l’origine de cette crise, les inondations catastrophiques de septembre 2020, dont les séquelles perdurent.
« Tamou Fishing International, … se retrouve aujourd’hui confrontée à une procédure dont les fondements relèvent davantage de la fiction que du droit …. ». Déclare le porte-parole des travailleurs.
Tamou Fishing International est quasiment à l’arrêt. Selon le porte-parole du personnel : « Une saisie conservatoire de plus d’un milliard de francs CFA a paralysé toutes les opérations de l’entreprise. »
La situation plonge l’ensemble du personnel dans un climat de psychose totale. « Une intervention sur site d’un huissier exécutant, escorté par des gendarmes armés, a été vécue avec stupéfaction et incompréhension par les travailleurs », ajoute-t-il.
Des chiffres qui font froid dans le dos :
• Plus de 100 emplois directs menacés de disparaître
• 15 000 familles en danger : journaliers, mareyeurs, chauffeurs, prestataires
• 70 mareyeurs et 500 pirogues artisanales sans activité
• 6 000 tonnes de poissons immobilisées
• 2 000 rotations de camions frigorifiques stoppées
• 800 conteneurs prêts à l’export, maintenant gelés
• 60 % du chiffre d’affaires provenant de l’exportation compromis
Le porte-parole des travailleurs de préciser : « Ce combat n’est pas politique. Il est humain. » Le personnel de Tamou plaide pour un traitement juste, humain et proportionné, fidèle aux idéaux de justice sociale proclamés par les autorités du pays, notamment à travers le triptyque emblématique : « Jub, Jubal, Jubanti ».
Témoignages poignants du terrain : l’usine vit, l’usine souffre, l’usine espère
Dans les allées de l’usine, les témoignages s’enchaînent, entre détresse et espoir. Une femme travaillant au démoulage confie : « Si Tamou ferme, ce n’est pas seulement une usine qui s’éteint — c’est une assiette qui reste vide, un foyer qui s’éteint, une dignité qui s’effondre ».
Un jeune diplômé recruté au service production : « Tamou, c’est notre avenir, notre fierté. Mais chaque jour, on travaille avec la peur au ventre, comme si demain tout pouvait s’arrêter. On vit dans l’ombre d’un arrêt brutal, d’une condamnation qui pourrait tout effacer. »
Un des retraités devenus micro-entrepreneurs grâce au modèle interne : « Jamais une entreprise ne nous aurait donné autant de dignité après la retraite. Notre poissonnerie et le réfectoire que nous exploitons en tant que GIE des retraités subiront le même sort que Tamou en cas de fermeture. » L’autre retraité enchaîne : »Ce n’est pas seulement une GIE que l’on perdrait, mais une deuxième vie. »
Appel solennel à l’État et à la Nation

Dans leur déclaration solennelle, les travailleurs se tournent vers le Président de la République, le Gouvernement, les syndicats, les autorités judiciaires, les leaders religieux et la société civile :
« Nous lançons un appel au Président de la République, au Premier ministre …pour qu’une attention particulière soit portée à la situation, à ses implications sociales et économiques. » Ils ont enfin précisé que « Tamou Fishing International ne demande ni faveur, ni passe-droit. Elle appelle à un traitement juste, proportionné, équilibré ».