Une vive bataille judiciaire secoue les sommets de West African Energy SA (WAE), l’un des piliers du secteur énergétique sénégalais. En toile de fond : la légalité de la nomination d’Abdou Karim Diop comme Directeur Général – Administrateur et son inscription au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier (RCCM).
Le camp de l’ancien Président du Conseil d’Administration, Samuel Ameth Sarr, dénonce une modification irrégulière des statuts de l’entreprise, entérinée lors d’un Conseil d’Administration tenu le 13 juin 2024. Cette réunion, selon eux, n’aurait pas respecté les règles de quorum définies dans le pacte d’actionnaires. Ils ont donc formé une opposition à l’encontre de l’ordonnance judiciaire ayant autorisé la modification du RCCM.
Pourtant, cette restructuration de la direction a été officiellement validée par le Tribunal de Commerce Hors Classe de Dakar. Par l’ordonnance n°437/2025 rendue le 11 avril 2025, la justice a reconnu la légalité des décisions issues de ce Conseil d’Administration. Ce jugement a confirmé l’arrivée de Moustapha Ndiaye à la présidence du Conseil d’Administration, ainsi que la désignation d’Abdou Karim Diop en tant que Directeur Général – Administrateur.
Cette décision ne met toutefois pas un terme au conflit. Le camp de Samuel Sarr, farouchement opposé à cette nouvelle gouvernance, entend poursuivre la bataille judiciaire. Il estime que l’ordonnance du tribunal ne tient pas compte des suspicions de manquement aux règles statutaires internes et conteste la légitimité des nouveaux dirigeants.
Alors que l’entreprise cherche à consolider sa position stratégique, notamment à travers un important partenariat financier en discussion avec Corisbank, cette instabilité au sommet pourrait fragiliser sa gouvernance et ralentir ses projets.
West African Energy, au cœur d’un secteur aussi stratégique que sensible, se retrouve aujourd’hui à la croisée des chemins, tiraillée entre ambitions de modernisation et luttes de pouvoir internes.
Sadio FATY