La cérémonie d’ouverture de la 8ème session ordinaire de la Conférence de l’Assemblée des Régulateurs des Télécommunications d’Afrique Centrale (ARTAC) s’est tenue, ce jeudi 22 juin 2023, à l’hôtel Rotana Kin Plaza-Kinshasa en République Démocratique du Congo (RDC). Des délégués venus de plusieurs pays de cette partie du continent noir y prennent part.« Autonomisation des Agences de Régulations des Télécommunications pour faire face aux mutations de l’écosystème » est le thème choisi par l’ARTAC.
Invité d’honneur à cette rencontre, le Directeur général de l’Autorité de Régulation des Télécommunications et des Postes (ARTP) du Sénégal a partagé son expérience sur le thème en question.Sa présentation, au même titre que la cérémonie d’ouverture ont eu lieu en présence de Son Excellence, Monsieur Doro Sy, Ambassadeur de la République du Sénégal en République Démocratique du Congo.Pour mesurer l’importance du thème de ladite session, M. Abdou Karim Sall a d’emblée insisté sur la nécessité de s’accorder d’abord autour la notion de régulation.
En effet, selon lui, « la notion de régulation est souvent mal comprise de l’opinion et, aujourd’hui, elle est en train de glisser vers le concept de compliance et de régulation collaborative ».Revenant sur la pertinence de la création d’Autorités administratives indépendantes (AAI), clef de voûte d’une régulation efficace et efficiente du secteur de Télécommunications, le régulateur sénégalais fera remarquer à l’assistance que « la régulation est certes une mission de l’État, mais celui-ci étant politique et arcbouté contre ses fonctions régaliennes ne saurait assurer cette régulation en toute impartialité ».
Par conséquent, il a plaidé pour une indépendance assortie de crédibilité des autorités de régulation, non sans partager avec l’assistance le pertinent modèle sénégalais. Il a précisé que l’ARTP n’a pas de tutelle mais un ancrage institutionnel car logée à la Présidence de la République. Ce qui, en réalité, lui donne beaucoup de marge de manœuvre et d’autonomie dans son fonctionnement.
En somme, il faut séparer les fonctions politiques relevant des ministères des Télécommunications, des fonctions de régulation.En réalité, l’autonomie de gestion permet à l’Autorité de Régulation de disposer et de gérer son budget de façon autonome.La meilleure trouvaille, plaide-t-il, serait que « le régulateur soit financé par des redevances ou des taxes du secteur et non point par le budget de l’État ».Entre autres éléments de partage d’expériences, Monsieur Abdou Karim Sall insistera beaucoup sur la formation qui, à ses yeux, doit être adéquate, permanente et surtout de qualité pour répondre aux exigences du personnel des Autorités de Régulation, parce que les technologies et les besoins avancent très rapidement dans ce secteur.
« Les agents des autorités ne doivent pas être moins formés que ceux des opérateurs pour assurer leur indépendance. Aujourd’hui avec les nouvelles problématiques comme l’intelligence artificielle, l’internet des objets, les fintechs, les OTT, les réseaux sociaux, le commerce électroniques, cette formation est impérative pour éviter la corruption et la capture par les opérateurs », conclut le patron de l’ARTP Sénégal sous les applaudissements des participants.
Par la même occasion, dans le contexte mondial actuel marqué par le renforcement des attributs d’autonomie des régulateurs, le Directeur général de l’ARTP, nanti d’une solide expérience gouvernementale en tant qu’ancien Ministre de l’environnement et du Développement durable au Sénégal, a fait part des dix priorités inscrites sur sa feuille de route pour son retour à la tête de l’ARTP.Entre autres axes prioritaires, l’extension des licences des opérateurs de télécommunications à la 5G dès le 31 juillet prochain ; la mise en œuvre du roaming national à la même date, le contrôle du trafic téléphonique et des terminaux ont été les points saillants de partage.