La question de la surfacturation au sein de l’Office National de l’Assainissement du Sénégal (ONAS) refait surface, déclenchant une vague d’interrogations et de préoccupations. Le Directeur Général, Cheikh Dieng, est pointé du doigt pour des anomalies financières suspectes concernant la passation des marchés, notamment dans le cadre des travaux de curage des canalisations.
Écarts de coûts alarmants
Une analyse récente des contrats de curage révèle des écarts de coûts significatifs entre deux procédures distinctes : un appel d’offre restreint et une entente directe. L’appel d’offre restreint, attribué aux entreprises Taīssir Khewel et Delgas, a affiché des montants totaux de 649.413.000 FCFA et 674.842.000 FCFA respectivement. Le coût par mètre linéaire de curage pour des canalisations de diamètre supérieur à 600 mm s’élève à 23.000 FCFA, tandis que pour des diamètres inférieurs à 600 mm, il est de 18.000 FCFA.
En revanche, les marchés obtenus par l’entente directe avec les entreprises Vicas et Delgas, dont les montants totaux sont respectivement de 226.324.000 FCFA et 384.655.574 FCFA, montrent des coûts nettement inférieurs. Le coût par mètre linéaire de curage est ainsi réduit à 3.000 FCFA pour les canalisations de diamètre supérieur à 600 mm et à 1.500 FCFA pour celles de diamètre inférieur à 600 mm.
Performance en question
Les délais d’exécution et les taux de réalisation des travaux posent également problème. Dans le cadre de l’appel d’offre restreint, Taīssir Khewel a réalisé seulement 10% des travaux en 30 jours, et Delgas a atteint 37% dans le même délai. En comparaison, les entreprises Vicas et Delgas, sous l’entente directe, ont réalisé respectivement 90% et 95% des travaux en seulement 15 jours.
Appels à la transparence
Ces écarts soulèvent des questions sérieuses quant à la gestion des marchés publics au sein de l’ONAS. Les disparités en matière de coûts et de performance suggèrent la nécessité d’une révision approfondie des pratiques de passation des marchés. Il est crucial que des mécanismes de contrôle rigoureux soient mis en place pour prévenir toute forme de surfacturation ou de mauvaise gestion des fonds publics.
L’appel à une enquête approfondie se fait de plus en plus pressant, afin d’éclaircir ces pratiques et de rétablir la confiance dans les institutions publiques chargées de l’assainissement au Sénégal. Le Directeur Général, Cheikh Dieng, devra fournir des explications claires pour justifier ces différences de coûts et de performance, et s’assurer que la gestion des ressources publiques se fait dans la plus stricte transparence.
Mamadou Diouf, Secrétaire général de l’association des acteurs de l’assainissement du Sénégal