ITV DU PRÉSIDENT DIAO SUR E MEDIA

Migration irrégulière

Je voudrais déjà m’incliner devant la mémoire des sénégalais et des africains qui ont disparu en mer et parfois dans le désert ou qui sont même prisonniers en Libye qui subissent des sévices terribles dans ces pays-là. Je voudrais partager leur douleur, la douleur de leur famille. Parce que c’est la quête d’un mieux-être qui a amené des sénégalais à braver la mer et malheureusement parfois avec des coups humains terribles. Les hommes politiques, les pouvoirs publics s’émeuvent tous de cette situation qui est déplorable et son endiguement a atteint aujourd’hui son paroxysme qui mérite qu’on s’arrête et qu’on en parle sérieusement. J’ai invité les pouvoirs publics à se poser c’est-à-dire au besoin par un conseil présidentiel ou un conseil interministériel qui puisse spécifiquement s’occuper de cette question-là. Les mesures qui ont été prises continuent de montrer leur inefficacité. Parce que vous vous rendez compte que ce n’est plus un phénomène de départ massif voulu mais c’est comme si c’est un phénomène de mode. Mais il y’a des raisons historiques et il ne faut pas les oublier. D’habitude les flux migratoires sont des phénomènes mondiaux connus. L’Europe a été le plus grand exemple en venant en Afrique puis en Amérique. Mais la cause de la migration est toujours connue. Soit il y’a des causes économiques donc une absence de réponse des politiques publiques par rapport aux préoccupations des jeunes en matière d’emploi soit une question lancinante qui a trait aux libertés. Pour les solutions, il faut connaître d’abord les populations qui sont en train d’émigrer. Pour pouvoir donner des réponses il faut savoir en faire une typologie. C’est pourquoi je dis qu’il faut une réflexion plus globale. Il ne faut pas en faire uniquement une question du gouvernement. Ce n’est pas possible. Il faut régler les questions économiques. Il faut que les questions économiques soient adaptées aux préoccupations des populations. C’est vrai que le régime en place a beaucoup fait mais je pense qu’il faut une corrélation entre les besoins économiques, les besoins socio-économiques des populations et les politiques publiques. Parce que nos potentiels en matière d’élevage, d’agriculture, de pêche et d’artisanat ne sont pas pris en compte dans l’élaboration des réponses appropriées qui puissent permettre que ces secteurs soient pourvoyeurs d’emploi. Beaucoup de stratégies qui ont été mises en place en matière d’emploi prennent en compte très souvent ce que j’appelle l’environnement formel ou l’éducation formalisée française alors que notre potentiel peut ne pas obéir à ce carcan-là. Donc si on doit donner une réponse économique qu’on s’intéresse à ces secteurs-là et qu’on crée tout ce qui est mécanismes de renforcement qui permettent l’autonomisation dans leur activité, la production à grande échelle et certainement la commercialisation. Il faut mettre ces secteurs dans des mécanismes de performance. Il faut aussi qu’on ose affronter nos homologues européens les yeux dans les yeux. Une politique migratoire doit être organisée. Ils ne peuvent pas à bon droit venir dans nos pays comme ils veulent et qu’ils puissent créer des critères tristiques à la limite très répressifs d’émigration. Je suis pour la réciprocité. Il faut donner des réponses fermes.

.……………………………………………………………………………………………………Secteur informel

Je prends la configuration de ce que vous appelez secteur informel il y’a dedans ce que l’on appelle les commerçants. Les commerçants cotisent d’abord, ils cotisent quand ils importent. N’importe comment ils cotisent parce qu’au cordon douanier ils payent des taxes douanières et des taxes fiscales qui sont comptabilisées par l’administration fiscale. Ensuite à leur niveau d’exercice de leur métier, ils payent des taxes pour les collectivités territoriales comme des taxes fiscales. Maintenant, leurs contributions peuvent être jugées minimes c’est parce que justement le curseur n’a pas été mis dessus pour qu’ils soient des outils performants. De la même manière vous verrez que n’importe quel sénégalais qui exerce une activité économique va être taxé soit par les collectivités territoriales soit par l’Etat selon les tailles de l’exploitation. Mais ce que je dis là c’est ce que c’est des efforts qui doivent être faits de ce côté-là. L’humain doit être mis au cœur du processus de développement au Sénégal. Si nous voulons que ce secteur donne son potentiel en matière d’emploi en matière de taxes il faudrait qu’on nous trouve un modèle de modernisation, un modèle de renforcement qui soit le plus armé.Une fois président en 2024, je vais partir sur trois à quatre secteurs. Si on prend par exemple le secteur de la pêche, notre pays délivre au moins 120 à 130 licences de pêche. Nos pêcheurs artisanaux ne sont pas dans plus de 35 ou 40 points de pêche entre Soumbédioune et Kafountine. Mais qui est-ce qui empêche à l’Etat du Sénégal de délivrer des licences de pêche à nos pêcheurs artisanaux à côté de leur trouver des mécanismes d’accompagnement justement pour pouvoir accéder comme les autres qui ont des licences de pêche ? Parce qu’ils ne sont même pas propriétaires des bateaux et on le sait. Il faut développer avec ces pêcheurs tout ce que l’on appelle les métiers connexes à la pêche comme la production d’outils de pêche, comme la pisciculture. On doit en faire de même dans le secteur de l’agriculture en mettant à la disposition des populations des terres et de l’eau. La solution c’est de décider par exemple de ne pas faire de route et on prend les milliards pour les mettre dans ces secteurs-là. Il faut une attractivité pour retenir les jeunes dans leurs localités. Vous savez le problème c’est que nos jeunes sont en divorce avec l’Etat sénégalais. Il faut l’accepter parce que considérant que leurs préoccupations ne sont pas prises en compte par les pouvoirs publics. Pour qu’on les prenne en compte il faut qu’on sache ce qu’ils sont en train de faire. Ils sont dans la culture urbaine, ils sont dans l’agriculture, ils sont dans la pêche, ils sont dans les métiers de l’artisanat. Et sur ces 150 métiers de l’artisanat, sur les autres filières dont j’ai parlé il n’y a pas d’efforts en matière de modernisation, en matière d’autonomisation et en matière de renforcement financier. Si on le fait, on fixe les populations sur leur territoire.……………………………………………………………………………………………………

Fermeture de l’université

Les étudiants ont droit à finir leur année universitaire. Mais mettons d’abord les étudiants sénégalais face à leur responsabilité. L’université est sacrée et les premiers protecteurs de ce temple du savoir doivent être les étudiants eux-mêmes. Personne ne peut comprendre que les étudiants puissent agresser autant l’université de Dakar qui est leur espace de construction d’un avenir meilleur. L’université est un espace où on a la fierté d’accueillir des frères venant d’autres pays. Donc, il faudrait que les étudiants soient conscients que s’il y’a eu tout ça c’est parce qu’aussi cette expression de violence qui a été vue à l’université est inédite et regrettable. Quand ils comprendront qu’ils ont été mis devant leur responsabilité à ce moment-là il peut y avoir des mécanismes nouveaux de discussion. Je ne peux pas concevoir quand même que malgré tout ça qu’on dise que nos étudiants doivent continuer de subir des enseignements à distance. Il faut qu’on les mette devant leur responsabilité au besoin de s’ouvrir. Et s’il y’a un autre remous de cette envergure mais qu’on ferme. Il faut que les étudiants sachent que c’est un lieu d’enseignement quand bien même que la politique est permise mais que cette violence-là ne doit pas être une réalité. Il ne faut pas considérer que c’est une affaire d’opposition mais c’est une affaire d’étudiants qui sont politiques qui sont dans les partis au pouvoir comme dans les partis d’opposition. Nous avons laissé la politique trop s’exprimer à l’université. Nous avons toléré des phénomènes de violence qu’il fallait arrêter au départ. Les responsabilités sont connues. Elles sont partagées. Il faut leur faire comprendre que nous allons vers des échéances électorales mais il ne faudrait pas que ces débordements surgissent à nouveau. Parce que l’Etat a toujours les moyens de fermer l’université mais je pense qu’on peut trouver des mécanismes qui permettent qu’on apaise les cœurs et que les enseignements reprennent. C’est dommage parce que moi aussi j’ai été victime de ça. J’ai perdu deux années scolaires en 1988 et en 1993. Il ne faut pas oublier ce que ça donne comme impact dans la carrière ou dans la vie d’une personne. Il ne faudrait pas que nos politiques prennent nos jeunes en otage, que nos étudiants aussi acceptent d’être les bras des politiques.……………………………………………………………………………………………………

Report des élections

La proposition de Boubacar Camara est basée sur quoi ? En 2000 ça été dit que les conditions d’une élection transparente et inclusive n’étaient pas réunies. Pourtant, on a tenu de très belles élections qui ont abouti à la première alternance. En 2012 aussi vous vous rappel bi ez qu’il y’avait des candidats qui ont prôné ça. Nous ne sommes pas une République bananière. Le Sénégal est vu quand même dans le monde comme une République sérieuse. Même si on peut penser que son image a été écornée, nous sommes quand même une référence en matière de démocratie. Nos référentiels en matière de démocratie c’est la tenue à bonne date de deux grandes élections. C’est l’élection présidentielle et les élections législatives. Parce que c’est elles qui ont permis énormément d’avancées démocratiques qui nous ont avec fierté mis au-devant de l’Afrique démocratique en ayant la première alternance en 2000 en ayant aussi une alternance en 2012. Ceci n’a été possible parce que nous avons laissé les sénégalais s’exprimer. Il ne faut pas dévoyer au nom d’intérêt égoïste politique, il ne faut pas dévoyer ce qui est l’image de notre pays dans le monde. Le Sénégal est un pays respecté parce que nous pensons que les instruments de compétition sont connus et que l’élection permet aux sénégalais de s’exprimer. Nous vivons dans un pays qui depuis deux ans ou trois ans est dans une tension perpétuelle. Même s’il n’y a pas de manifestations, tout le monde sait qu’il n’y a pas un apaisement des cœurs. L’élection présidentielle donne une bouffée d’air parce que donnant un nouvel espace d’expression aux sénégalais, donnant un nouvel élan d’espoir au peuple parce qu’élisant un nouveau président. Il faut qu’on soit sérieux. Quels que soient les actes qui sont en train d’être posés, reculer les élections présidentielles d’une journée écornerait le plus gravement au monde l’image de notre pays dans le monde et nous ramènera vers le catalogue d’une République bananière. Nous devons tenir cette élection à bonne date et celui qui sera choisi par les sénégalais gouvernera le Sénégal.Me concernant, il n’est pas envisageable pour moi de ne pas passer l’étape des parrainages. Je suis maire de Kolda pour régler les préoccupations des Koldois. Donc, les Koldois vont régler ce problème. Le parrainage est très délicat mais avec l’expérience que nous en avons eu ce qui m’importe c’est d’avoir des parrains sûrs pour être certain de passer. Parce qu’il n’est pas évident d’avoir 60.000 parrains sûrs dans ce pays. A l’heure où je vous parle les délégations régionales sont en train de faire leur compilation c’est en bon droit avant même le terme de l’objectif j’atteindrais l’objectif fixé. Je n’accepterai pas qu’on crée un prétexte tel qu’il soit ou à défaut je prendrai les mesures qu’il faut pour y faire face.Que répondez-vous à ceux qui disent qu’il ne faut pas accorder du crédit à la classe politique qui a accompagné Macky Sall ?Alors n’accordons de crédit à aucune classe politique. Parce que tous ces candidats émanent presque tous d’un régime à quelques exceptions près. Si appartenir à une gouvernance avec Macky Sall disqualifie quelqu’un pour une candidature je voudrais que de la même manière que ceux qui ont exercé une quelconque responsabilité avec Wade soient disqualifiés et ceux qui étaient avec Senghor ou Diouf soient aussi disqualifiés. Si vous le faites, je suis d’accord.……………………………………………………………………………………………………

La CENA

Le droit doit être dit pour tout le monde. Sur les mécanismes de compétition électorale pour un instrument qui est là depuis 2005, il faudrait qu’on respecte tous les mécanismes de compétition. Si la CENA doit être renouvelée c’est prévu par la loi et les mécanismes de renouvellement sont prévus par la loi. Et vous savez qu’on ne peut pas renouveler intégralement la CENA parce qu’il y’en a dont les mandats ne sont pas arrivés à expiration. L’invite que je fais au chef de l’Etat c’est qu’il faudrait qu’on règle la question de l’appartenance politique éventuelle qui est aujourd’hui née de la composition du dernier décret qu’il a pris pour membre en place les nouveaux membres de la CENA. S’il y’en a qui ont été partisans résolument il n’est pas trop tard de bien faire. Qu’on les écarte. Donc, qu’on respecte la loi. S’il y’a une seule personne dont le mandat n’est pas arrivé à expiration, remettons en place les bons outils. Le jeu électoral est une affaire sérieuse. Il ne faudrait pas qu’on crée tout de suite les germes d’une contestation électorale plus tard. Et si les préalables sont respectés je pourrais avoir confiance au fichier électoral.………………………………………………………………………………………………….

FITE

(front pour l’exclusivité et la transparence des élections)Je n’ai pas été consulté pour adhérer à ce front. Mais j’en connais les objectifs et qu’ils me vont oui bien sûr que je vais adhérer. Ce qui se passe c’est que les gens du pouvoir comme ceux de l’opposition peuvent s’afficher avec des objectifs inavoués. Vous avez vu l’éclatement de Yewwi plus tard. Avant Yewwi vous avez vu l’éclatement de la coalition Yewwi – Wallu. Donc, je n’ai pas envie d’entrer dans un schéma où l’objectif apparent n’est pas l’objectif recherché. Je ne peux pas engager le destin des sénégalais qui sont en train de m’accompagner dans un processus que je ne maîtrise pas. Mais dès ma déclaration de candidature j’ai appelé tout de suite à des élections inclusives, des élections transparentes. Je n’ai pas besoin d’insister sur ce sujet.Sincèrement je parle beaucoup avec les gens de l’opposition à des niveaux insoupçonnés. Je parle à des candidats déclarés parce que ce qui est important c’est le destin du Sénégal. De la même manière je l’assume, je parle avec le candidat du pouvoir comme je parle au président de la République. Parce que je n’ai pas de clivage. J’ai fait le choix d’aller à la conquête des sénégalais. On ne peut être une opposition nihiliste comme on ne peut pas être aussi un soutien aveugle du pouvoir. Quoi qu’on puisse dire il faut accepter les avancées qui ont été faites par le régime en place sur certains sujets.