NOMINATIONS ET GESTION DU NOUVEAU RÉGIME: Ibrahima Séne plaide pour plus d’implication des cadres du MONCAP

« On ne peut pas faire du nouveau avec du vieux « , telle est l’alerte du cadre pastefien et rapporteur de la commission juridique du MONCAP, Ibrahima Séne. Dans une interview accordée à votre quotidien L’Evidence, ce dernier invite le président de la République Bassirou Diomaye Faye et le premier ministre à plus d’attention concernant les nominations. Selon lui qui plaide pour les cadres du parti et particulièrement la commission juridique du MONCAP, le président Diomaye et le premier ministre doivent savoir qu’après avoir gagné les élections, il est important de gouverner avec les cadres qui ont participé à l’élaboration et à la mise en forme du projet de société porté par l’actuel président. Il est revenu aussi sur la gestion du nouveau gouvernement qui selon lui prend des mesures salutaires dans la prise en charge des questions de l’heure. 

Votre mouvement, celui des cadres patriotiques , vous avez accompagné l’actuel président jusqu’à la présidence. Un succès pour vous mais quelle appréciation faites vous de ses choix, la composition de son premier gouvernement ?

La composition du gouvernement a marqué une rupture dans la forme et dans le fond. Sur la forme nous avons un gouvernement composé de seulement 25 Ministres avec portefeuille et 5 secrétaires d’État. Un gouvernement de technocrates qui occupent des postes où pour l’essentiel, des personnes ayant acquis des compétences et expertises certaines. 
Dans le fond, la réduction du train de vie de l’Etat qui a toujours été une demande sociale en raison de son impact sur le budget de l’Etat.

Depuis la formation du gouvernement, on assiste toujours à des nominations pour différents postes. Est ce que votre mouvement et particulièrement votre commission, la commission juridique se retrouve dans ces différentes nominations ? 

Permettez moi de féliciter notre coordinateur le professeur Daouda Ngom pour sa nomination à la tête du Ministere de l’Environnement et de la transition écologique. Mes félicitations vont aussi à l’endroit de son chef de cabinet Maitre Daouda Sene par ailleurs président de notre commission. Cependant, il reste des choses à faire. 

Je me félicite aussi qu’on ait nommé le vice-président de notre commission à la direction de la SNR en l’occurrence maître Babacar Ndiaye. Mais la commission regorge de ressources qualifiées et diversifiées. Par exemple à l’UGB , nous avons Ngouille Faye , qui est docteur et maître de conférence et qui a fait des études sur le fonctionnement du CROUS. Mais malheureusement notre MONCAP n’a pas fonctionné de manière à conforter ses propositions. Si on l’avait pris en compte on allait capitaliser cela au niveau du CROUS. Ce que tu as dans ton sein tu n’as pas besoin d’aller chercher cela ailleurs. C’est montrer au public que tu n’es pas bien pourvu en ressources humaines. Je fustige cette manière de faire. Si ce sont les alliés qui sont les plus en vue que les militants de première heure qui ont mouillés le maillot. C’est une façon de décourager le militantisme dans ce pays. Ça encourage la floraison de partis. Je peux prendre plusieurs nominations qui ont été opérées et je peux puiser dans notre commission pour dire que telle personne est plus valable que tel allié à tel endroit. 
Il faut que les gens fassent un savant dosage entre la mise en place des compétences des alliés et la promotion de nos cadres qui se sont appropriés nos idéaux et nos pratiques pour les mettre au service de notre population. 

Le président Diomaye et le premier ministre Ousmane Sonko doivent savoir qu’après avoir gagné les élections, il est important de gouverner avec les cadres qui ont participé à l’élaboration et à la mise en forme du projet de société devenu notre programme économique et social. Ces cadres se sont approprié le projet avec la forte conviction qu’il est la nouvelle voie que notre pays doit prendre.

La récente sortie du premier ministre sur la réduction du coût de la vie qui semble être une promesse électorale a soulevé un grand débat au sein des populations. Quelle lecture faites-vous de ces promesses électorales ? 

S’agissant des promesses, il faut distinguer entre deux promesses. Il y a celles qui sont d’application immédiate, par exemple la taille du gouvernement, la réduction du train de vie de l’État avec la suppression de certaines institutions budgétivores et qui n’ont pas grande utilité. C’est des promesses d’application immédiate ; mais il y a celles qui sont d’application programmatique. Parce qu’il faut oublier aussi qu’une fois au pouvoir, on apprécie correctement notre situation financière et budgétaire et nos capacités d’endettement etc. Cela veut dire qu’on maîtrise véritablement les agrégats pour voir si certaines promesses sont faisables à moins et long terme. L’amélioration des conditions de vie des populations, le chômage des jeunes, l’autosuffisance alimentaire, ce sont des promesses qui forcément auront une valeur programmatique. C’est-à-dire qu’en fonction des programmes sociaux économiques qu’on mettra en œuvre les éléments qui nous permettent de réaliser ces promesses.

Comment jugez vous ces deux mois que le nouveau président a fait à la tête du pays avec différentes mesures qui ont été prises ?

J’ai vu que le président a pris des mesures qui sont salutaires pour la préparation de l’hivernage et la prochaine campagne agricole. C’est une excellente chose, en prenant des engagements et en mobilisant un certain nombre de ressources. Parce que effectivement tant que notre agriculture n’est pas dopée, n’est pas soutenue, n’est pas encadrée , n’est pas financée correctement, nous ne pourrons jamais prétendre à une autosuffisance alimentaire. Donc il va falloir effectivement profiter de ces deux prochaines années pour booster l’agriculture à travers toutes les filières avec beaucoup de spéculations. 
L’autre mesure qu’il faut saluer c’est surtout le président qui a décidé de suspendre toutes les constructions au niveau de la corniche, parce que c’est dans le domaine public maritime. C’est un domaine qui ne doit pas faire l’objet d’occupation personnelle, même l’État ne peut pas l’aliéner. Il ne peut que donner des permissions de voiries, des droits d’occupation à titre précaire et révocable. Donc je ne peux pas imaginer que quelqu’un ait un titre foncier et un pied dans l’eau. 

J’attire l’attention aussi sur un fait, l’opposition est en train de remembrer ses forces pour revenir s’opposer. Son excellence Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko doivent le savoir, cette opposition là n’est pas prête à dérouler le tapis rouge. Donc il faut que les gens se préparent pour mieux articuler la communication gouvernementale ,parce que dans la communication politique, l’enjeu c’est de gagner la bataille de l’interprétation de la situation. Donc il nous faut avoir une bonne stratégie de communication prise en charge par une bonne organisation et un maillage qui puisse lui permettre de lutter contre la désinformation, tant dans sa phase active que dans sa phase passive. Nous devons tout faire pour mettre en place un dispositif communicationnel pas une cellule de communication, qui puisse positionner la bonne information dans l’espace public. Comme j’ai l’habitude de le dire, au Sénégal, on est plus en démocratie mais en médiacratie, la démocratie par les médias.

A BA