Leader de la coalition Ëlëg si bir, Sheikh Mamadou Dieng aborde le jeu électoral en cours en soutenant que le président sortant veut imposer au forceps son Premier ministre dont il est en train de faire, selon lui, la promotion à travers des tournées. Le candidat déclaré à l’élection présidentielle de 2024 aborde également dans cet entretien les perspectives pour l’opposition dont il pense que les nombreuses arrestations ont contribué à contenir la dynamique.Comment comptez-vous aborder les élections ?Nous allons vers des élections les plus ouvertes de l’histoire politique du Sénégal. La raison est que pour la première fois, le Président sortant n’est pas candidat. Abdou Diouf s’est représenté et a été battu au second tour ; Abdoulaye Wade s’est représenté et a été battu également au second tour. Macky Sall, quant à lui a été contraint par la rue, l’échec des politiques de jeunesse…, à ne pas candidater une troisième fois. Mais le problème c’est que contrairement à au Président Senghor qui lui aussi ne s’est pas représenté, Macky Sall veut nous laisser au forceps son Premier ministre. Et c’est cela complique déjà la compétition parce nous lui ferons face. Il y a aussi qu’un des candidats des plus représentatifs des élections présidentielles, est mis en prison et radié illégalement du fichier électoral. Le régime en place est conscient que ces élections seront celles des jeunes parce qu’ils sont les grands oubliés de la politique Macky SallVous êtes candidat mais beaucoup pensaient que vous soutiendrez Ousmane SonkoC’est vrai que j’ai beaucoup défendu sa cause parce que ce qu’on lui a fait est trop injuste, surtout cette histoire de contumax. Ousmane Sonko a la sympathie de tous les sénégalais car Macky Sall en fait un martyr. Et je vous dis que s’il retrouve ses droits civiques comme attendu, beaucoup de leaders politiques vont reconsidérer leurs candidatures.Mais comment expliquez-vous le refus du Directeur général des élections de donner les parrainages en dépit du jugement du Tribunal de Ziguinchor ?Moi, j’ai une grande déception quant au rôle qu’on veut faire jouer à Thiendella Fall parce c’est un homme en qui l’opposition avait une totale confiance.En effet, pendant le Dialogue politique, il y avait des problèmes pour trouver un Président neutre parce que Seydou Nourou Bâ qui était proposé, a été récusé par l’opposition à cause de ses accointances avec le régime.Je vous signale que c’est lui qui nous a amené le parrainage ! Vous imaginez donc notre déception parce que c’est l’opposition elle-même qui avait proposé Thiendalla Fall comme Président du Dialogue politique. Il s’y ajoute aussi qu’il n’est pas le juge des élections pour faire ce qu’il fait.Quels sont les premiers résultats concernant les parrainages ?Macky Sall a fait exprès de transformer les opérations de parrainage en pré-campagne pour lancer son candidat dont personne ne veut. Vous avez entendu Souleymane Jules Diop et Bibi Baldé ? C’est ce qu’ils pensent tous et plus l’échéance se rapprochera, plus les courtisans vont retrouver leur liberté de penser parce que Macky Sall qui cherche déjà du boulot auprès de la France, n’aura plus aucun pouvoir de sanction sur eux. Le sort de ce régime est scellé si les élections sont libres et transparentes ! On n’entend pas beaucoup l’opposition, avez-vous perdu votre mordant ?Les arrestations en sont pour beaucoup ! Nous avons plus de 1 500 militants, surtout des jeunes, qui croupissent dans les prisons de Macky Sall. Tout le monde sait que nous sommes interdits de manifestation alors qu’Amadou Bâ, le candidat du pouvoir, fait ses bains de foules à travers le pays. Macky Sall a démarré une précampagne pour lui dans les régions sud où personne ne le connait, avec des promesses mirobolantes. « Pluie de milliards sur Kédougou et Kaolack », a titré ironiquement un journal de la place. Vous voyez donc que la pré-campagne est inégale et le style inélégant. Il s’y ajoute les achats de conscience. Ce qui se passe à Thiès où j’ai tenu meeting le week-end dernier est sidérant. Ils sont même en train de se chamailler entre l’Apr et des transfuges, pour des questions d’argent mis sur la table par des responsables du régime nommés Directeurs généraux et Ministres. C’est que depuis le passage de Siré Dia et ce qu’est devenue la société nationale « la Poste », les Thiessois sont comme « chat échaudé ».Quelles sont les perspectives pour l’opposition ?La perspective la plus immédiate ; nous allons gagner et appliquer de nouvelles politiques économiques et sociales avec des personnes compétentes et intègres. Vous allez voir, les énergies vont être libérées pour mettre ce pays au travail. Avec nous, les sénégalais vont retrouver les espaces de liberté et de communication qui faisaient de ce pays magnifique une terre de dialogue. Notre jeunesse devra aussi retrouver l’espoir qui ne devait jamais la quitter si Macky avait mis les milliers de milliards empruntés là où il fallait. Il s’y ajoute que ce pays n’est pas pauvre. Car les richesses de notre sol et de notre sous-sol, nos 700 km de côte parmi les plus poissonneuses du monde, le génie de notre peuple qui excelle partout à travers le monde, doivent pouvoir nous nourrir.
Réalisé par Pape Moussa Traoré